La première messe télévisée de l’histoire se tient à la cathédrale Notre-Dame de Paris pour la Nuit de Noël 1948, sous l’impulsion du Père dominicain Raymond Pichard. Cet évènement lance «Le Jour du Seigneur», doyenne des émissions de France Télévisions.
L’UER (Union européenne de radio-télévision) est créée en 1950 en Suisse. Dans ses mémoires, le Père Richard raconte comment l’Eurovision et les médias catholiques sont étroitement liés. «Créée dès 1928, UNDA, l’Association Internationale catholique de la Radio-Télévision [devenue SIGNIS en 2001, ndlr] m’avait élu membre de son Bureau Exécutif en mai 1951 et m’avait chargé de créer, à Paris, son Centre International pour la télévision religieuse».
«J’avais convoqué du 31 janvier au 7 février 1954, à Paris, la première conférence internationale de télévision catholique. J’y invitais Jean d’Arcy, devenu Directeur des programmes de la Télévision française. Il accepta d’y faire un exposé d’où sortit le programme d’Inauguration de l’Eurovision. Le générique sonore aujourd’hui est encore le «Te Deum» [de Charpentier] choisi par lui à cette occasion».
En 1953, le couronnement de la reine Elizabeth II offre la toute première émission en Eurovision et dans le monde. En 1954, un réseau de télévision Eurovision est créé, avec une transmission en direct de la Fête des narcisses à Montreux, relayée simultanément en Allemagne, en Belgique, au Danemark, en France, en Italie, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. A la Pentecôte, le pape Pie XII adresse, du Vatican, un premier message pontifical en Eurovision. Il faut attendre 1956 pour visionner le premier Concours Eurovision de la Chanson, disputé à Lugano.
En Suisse, la première messe télévisée est réalisée à Pâques 1955, en direct de la collégiale de Romont, dans le canton de Fribourg. Mais la même année déjà, la programmation de la Télévision romande propose une reprise de l’Italie pour la messe de la nuit de Noël.
Très vite, l’échange de production de messes TV entre pays se développe, permettant plusieurs avantages. Outre le fait que la reprise permet d’économiser d’importants coûts de production, l’échange d’émission permet de s’inspirer mutuellement des pratiques religieuses et de la manière de les mettre en images, mais aussi d’entretenir des contacts cordiaux, tant sur le plan pastoral que médiatique, entre les pays.
«Au sein de la production européenne des messes, il y a eu assez tôt une collaboration plus étroite entre les ‘latinophones’, rappelle le journaliste André Kolly. A une époque, les pays francophones ont eu beaucoup d’échange de messes avec les Portugais et les Espagnols. Ce qui n’a pas empêché une grande proximité dans le temps avec les néerlandophones [Belgique et Pays-Bas] et les Irlandais».
L’ancien producteur de messes télévisées précise que pour que des collaborations marchent, il faut une certaine réciprocité. «Il est arrivé que des relations s’arrêtent parce que des pays reprenaient des messes mais sans rien proposer en retour, ou au contraire, proposaient beaucoup de messes sans en reprendre aucune».
Depuis plusieurs années, le groupe Eurovision des messes est assez stable. Il comprend sept chaînes télévisée: la France (F2), Belgique wallonne (RTBF), Belgique flamande (VRT), les Pays-Bas (KRO), l’Irlande (RTE), la Suisse romande (RTS) et la Suisse italophone (RSI).
Les producteurs et productrices des messes se retrouvent une fois par année pour planifier ensemble le calendrier des messes. Cette année, ils se sont retrouvés à Lugano. Ils ont débriefé des extraits de messes 2022-23, ils ont confirmé le calendrier des messes de l’année 2024 et ont planifié les dates pour 2025. L’un ou l’autre souhaits ont déjà été émis pour 2026.
La planification comprend en général sept dates principales: Pâques (et la bénédiction Urbi et Orbi), l’Ascension, la Pentecôte, l’Assomption, la Toussaint, la Nuit de Noël et le Jour de Noël (et la bénédiction Urbi et Orbi). La RTS reprend habituellement les cinq fêtes principales – Pâques, Ascension, Pentecôte et les deux Noëls – pour les messes comme pour les cultes réformés.
S’ajoute une sixième messe TV pour l’Assomption, le 15 août, et un sixième culte TV à l’occasion du dimanche de la Réformation. La Toussaint, comme l’Immaculée Conception ou la Fête-Dieu, ne sont en général pas reprises sur la RTS, puisque ces fêtes ne sont pas chômées dans la plupart des cantons.
Le groupe Eurovision des messes a tenté de reprendre contact avec d’autres chaînes européenne, comme le Portugal, l’Espagne, l’Italie ou l’Allemagne. Cette année, la Suisse alémanique (SRF) a rejoint le groupe européen, alors que des échanges nationaux se pratiquent déjà régulièrement entre les trois grandes chaînes linguistiques suisses. Participante invitée, la SRF a déjà proposé une date de messe provisoire pour le calendrier 2025. (cath.ch/gr)
Pentecôte 2023
Le 28 mai 2023, la messe est diffusée en direct de la cathédrale de Gand, en Belgique néerlandophone. Elle est produite par la VRT. La liturgie en flamand est commentée et traduite en français par la RTBF.
La RTS reprendra directement le signal de la RTBF, à 11h sur RTS Un. GR
Grégory Roth
Portail catholique suisse
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