Quinze hommes et femmes, allemands, victimes de violences commises par des membres du clergé ont pu rencontrer le pape à l’issue de l’audience générale sur la place Saint-Pierre, rapporte Vatican News. Ils ont relevé le défi de rallier Rome à vélo depuis Munich. Partis le 6 mai de la capitale de la Bavière, en Allemagne, le groupe a entrepris un voyage comportant plusieurs étapes, notamment en Italie, pour arriver à Rome et «regarder le pape dans les yeux», comme ils en avaient l’intention.
Ils lui ont remis un message, avec des lignes de douleur pour des blessures qui, disent-ils, reviennent souvent «saigner», mais aussi d’espoir que «les dirigeants de l’Église catholique affronteront les abus du passé avec cohérence et décision».
Le plus âgé du groupe, Dietmar Achleitner, 80 ans, a fréquenté, enfant, un internat religieux où il a été abusé pendant sept ans. Le plus jeune, Robert Köhler, 53 ans, a lui aussi été victime de violences similaires. Ils avaient en commun d’avoir subi «de graves violences physiques, sexuelles et psychologiques» de la part de «personnes à qui ils ont été confiées, qui les ont blessés souvent profondément et détruisant même l’âme des jeunes.»
C’est ce qu’ils écrivent dans la lettre, dans laquelle ils parlent d’un Évangile «perverti» et que contre le fléau des abus «les premiers pas ont été faits» contre le fléau des abus, mais «de notre point de vue un engagement fort et clair est encore nécessaire de la part de tous les responsables au sein de la Curie et dans les diocèses de l’Église universelle».
Le groupe de victimes attend de l’Église qu’elle fasse tout ce qui est en son pouvoir pour s’assurer que «dans tous les coins», la question des abus sexuels et spirituels «soit vue, abordée et évitée grâce à des mesures préventives appropriées».
Pour les victimes, il est également nécessaire «d’envoyer un signal clair» à tous ceux «qui n’ont pas assumé leurs responsabilités et qui, dans une certaine mesure, ne le font toujours pas». Elles affirment «souffrir encore des conséquences» des abus et parlent d’une vie «affectée et restreinte de différentes manières et intensités».
«À chaque nouveau reportage dans les médias sur les abus dans le contexte de l’Église, lisent-ils, à chaque rapport d’expert produit dans les diocèses de l’Église universelle et qui révèle les actes cruels des prêtres et des religieux, ainsi que l’échec et la dissimulation des responsables, les cicatrices se rouvrent et les plaies recommencent à saigner. D’où l’espoir que l’Église puisse éradiquer ce mal et permettre à nouveau aux jeunes et aux enfants de faire l’expérience de «la beauté et de la libération du message de Jésus-Christ».
Symboliquement, le groupe a présenté au pape une représentation d’un cœur de l’artiste munichois Michael Pendry, montrant un cœur différent des représentations classiques avec «de nombreuses parties ouvertes», «anguleuses», «blessées». «Il en est de même dans notre être le plus profond, au centre de notre être, au centre de notre cœur! Aujourd’hui encore, le chemin de la guérison est un énorme défi. Certains se heurte à des difficultés, pour d’autres elle n’est pas possible malgré tous leurs efforts», écrivent-ils.
Enfin, ils se sont adressé au pape: «Vous venez vers des femmes et des hommes qui ont été blessés, humiliés et marqués toute leur vie. Mais en même temps, des femmes et des hommes qui ne se résignent pas à ce qui est arrivé.» (cath.ch/vatnews/bh)
Bernard Hallet
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