La délégation d’enfants africains que recevra le pape proviendra de la plupart des 55 pays qui composent le continent. Cette rencontre, organisée par les ambassadeurs près le Saint-Siège représentant des pays africains, a pour but de permettre à ces jeunes d’exprimer au pape ce qu’est l’Afrique de demain pour eux.
«Il ne seront pas briefés», a assuré un diplomate à l’agence I.MEDIA. «Et s’ils disent qu’il n’y a pas de démocratie en Afrique, ce sera comme ça». En raison des difficultés d’obtention de visas pour l’Union européenne, nombre d’entre eux seront des personnes résidant actuellement en Europe.
Pour faire entendre leur voix à Rome, les pays africains n’hésitent pas à se serrer les coudes. Le 10 mai dernier, dans un hôtel romain, une quinzaine d’ambassadeurs de pays africains accrédités près le Saint-Siège se sont retrouvés pour commémorer le 43e anniversaire de l’appel lancé par le pape Jean Paul II en faveur des populations du Sahel frappées par la sécheresse, lancé le 10 mai 1980.
Quatre ans après cet appel, en 1984, le pontife polonais avait créé la Fondation Jean Paul II pour le Sahel afin d’apporter un soutien concret sur place. «Elle joue un rôle très important pour nous», affirme un diplomate d’un des pays concernés, qui sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, la Guinée-Bissau, le Cap-Vert, la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie et le Tchad.
Tous les représentants de ces pays présents ont salué le travail effectué par l’organisation, qui a permis, avec l’aide du clergé et des associations catholiques locales, de financer plus de 5000 projets de développement dans la région, dont 379 ces cinq dernières années. Étaient aussi présents lors de la rencontre initiée par les ambassades du Sénégal et du Burkina Faso, des représentants de la secrétairerie d’État, des Nations unies et du monde associatif catholique.
La Fondation Jean Paul II est soutenue financièrement par les conférences épiscopales italienne et allemande principalement – mais aussi française – qui, avec des donateurs privés, ont versé près de quatre milliards d’euros. «C’est à la fois beaucoup et peu», a souligné l’ambassadeur du Sénégal près le Saint-Siège, rappelant que l’organisation de la récente coupe du monde au Qatar avait coûté plus de 220 milliards de dollars.
Malgré ces efforts, «la situation n’a pas beaucoup évolué», a commenté l’ambassadeur du Burkina Faso près le Saint-Siège, Régis-Kévin Bakyono. Reconnaissant que «la lutte contre la pauvreté et la construction de la paix restent encore à poursuivre», il a invité ses confrères africains à «le faire ensemble, avec le Saint-Siège». Un des autres partenaires essentiels présentés lors de la rencontre étaient les Nations unies, avec la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CLD) qui travaille dans la région à un gigantesque programme de reboisement intitulé «Grande Muraille Verte», visant à repousser l’avancée du désert.
Plusieurs représentants d’autres pays africains n’appartenant pas à la zone Sahel, ou limitrophe, ont apporté leur plein soutien à l’initiative. Plusieurs d’entre eux, comme le Cameroun ou la Côte d’Ivoire, ont dit être intéressés par une possible adhésion – même si aucun processus de ce type n’est pour l’heure prévu dans les statuts de la Fondation Jean Paul II.
Le premier conseiller de l’ambassade de Côte d’Ivoire, David Bile, a souligné combien la crise touchant le Sahel, notamment le djihadisme, était «existentielle» pour tout le continent. L’ambassadeur du Maroc près le Saint-Siège, Rajae Naji El Mekkaoui, a souligné pour sa part l’impact que cette crise générait sur le plan migratoire.
Don Mullan, consultant irlandais auprès de la CLD, a encouragé la Fondation Jean Paul II pour le Sahel à se développer, la décrivant comme «le secret le mieux gardé de l’Église catholique». Un responsable de la secrétairerie d’État a souligné la pertinence de la fondation, dont la conception écologique et sociale avant-gardiste est parfaitement alignée sur celle défendue par le pape François dans son encyclique Laudato si’. (cath.ch/imedia/cd/rz)
I.MEDIA
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