Le cardinal argentin Leonardo Sandri, préfet émérite du dicastère pour les Églises orientales et substitut de la secrétairerie d’État de 2000 à 2007, a été le supérieur de Fabrizio Tirabassi pendant toute cette période. Ce dernier a travaillé pour le bureau administratif de la secrétairerie d’État – en charge des investissements – de 1989 jusqu’à son éviction en 2019.
De 2004 à 2009, Fabrizio Tirabassi a été le mandataire administratif de deux fonds de la secrétairerie d’État détenus par la banque UBS. En occupant cette fonction, il a touché entre 200’000 et 300’000 euros en «rétrocessions» par an versés par la banque suisse, pour un montant total de plus de 1,3 million d’euros. Une méthode que le promoteur de justice du Vatican considère comme relevant de la corruption.
Lors de son interrogatoire le 28 septembre 2022, Fabrizio Tirabassi avait expliqué que c’était le chef du bureau administratif de l’époque, Mgr Gianfranco Piovano, qui lui avait confié cette mission et que le prélat était au courant de chaque rétrocession touchée. Il a également déclaré qu’il ne savait pas, au moment d’accepter ce mandat, l’importance des sommes d’argent qu’il allait recevoir.
Le cardinal Leonardo Sandri a reconnu avoir signé un document confiant à Fabrizio Tirabassi cette mission auprès de la banque UBS. Il a assuré avoir fait confiance à Mgr Piovano, qui avait choisi Fabrizio Tirabassi, parce que ce dernier semblait avoir «toutes les garanties d’être une personne valable et honnête» pour faire le lien entre l’organe Vatican et la banque suisse.
Cependant, le cardinal a bien souligné qu’en accordant ce mandat, la secrétairerie d’État considérait que le mandataire «ne servirait pas ses propres intérêts» et qu’il essaierait d’avoir «le meilleur résultat pour le Saint-Siège». Le cardinal Sandri a reconnu connaître la clause dans le document qui prévoyait les «rétrocessions», mais a affirmé qu’il pensait que les rétrocessions seraient destinées à la secrétairerie d’État et non au mandataire Fabrizio Tirabassi.
Une clause affirmait aussi que le mandataire devait informer des possibles rétrocessions touchées. Le cardinal a expliqué que ni Mgr Piovano ni Fabrizio Tirabassi ne lui ont jamais mentionné une quelconque rétrocession reçue. Il a aussi affirmé n’avoir compris que récemment ce qui signifiait vraiment cette clause.
L’avocat pour la défense de Fabrizio Tirabassi a affirmé qu’il y avait d’autres fonctionnaires de la secrétairerie d’État qui avaient des contrats similaires. Il a expliqué qu’il allait en transmettre la preuve au tribunal.
L’audience a été aussi l’occasion de finir d’entendre le témoignage de Gianluigi d’Andria, collaborateur de l’accusé Raffaele Mincione. Un troisième et dernier témoin, Roberto Lolato, un consultant technique du bureau du promoteur de justice, a répondu à quelques questions sur les charges récemment ajoutées au dossier du procès.
La prochaine audience doit se tenir le 25 mai et prévoit l’audition du cardinal Fernando Filoni, qui a succédé au cardinal Sandri comme substitut de la secrétairerie d’État de 2007 à 2011 et a donc aussi travaillé avec Fabrizio Tirabassi. Depuis 2019, il est grand maître de l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Le juge Giuseppe Pignatone a enfin convoqué une nouvelle fois le Père Mario Curzu, directeur de la Caritas du diocèse d’origine du cardinal Angelo Becciu, qui jusqu’à présent n’a pas voulu se présenter.
Les auditions de témoins touchent presque à leur fin. Deux audiences sont prévues le 25 et 26 mai afin d’entendre les derniers témoins du procès. Une fois cette phase terminée, le procès entrera dans sa phase finale, qui doit aboutir au jugement. (cath.ch/imedia/ic/be)
Depuis juillet 2021, I.MEDIA est présent à chacune des audiences. Retrouvez toutes nos dépêches et analyses sur l’affaire de l’immeuble de Londres.
Jacques Berset
Portail catholique suisse
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