Les musulmans et les politiciens plaident au contraire pour une plus grande reconnaissance de la place des religions dans la Constitution.
Le Mali est confronté, depuis 2012, à une violence islamiste au Nord, quasiment contrôlé par des groupes radicaux musulmans qui avaient installé un pouvoir religieux, basé sur la charia (loi islamique) dans les régions de Gao, Tombouctou et Kiddal durant un an, avant d’en être chassés, en 2013 par les troupes françaises.
En mai 2021, une junte militaire a pris le pouvoir après avoir écarté le président de la transition, Bah N’Dao et son premier ministre Moctar Ouane. Ces deux dirigeants s’étaient vus confier ce pouvoir, en août 2020, par ces mêmes militaires, après renversé le régime du président Ibrahim Boubacar Keita, décédé par la suite, en janvier 2022.
Dans la perspective d’un retour à un régime civil, conformément à la réclamation de la communauté internationale, la junte à élaboré un projet de nouvelle Constitution. Il sera soumis au vote par référendum. Ce scrutin sera suivi des élections législatives, en octobre 2023, puis de l’élection présidentielle, en février 2024.
Le projet de nouvelle Constitution proclame le caractère laïc du pays et réaffirme « l’attachement de l’Etat, à la laïcité ». Elle est réitérée, avec force et détermination, dans les Articles 1er, 11, 14, 32, 39 et 191 qui stipulent en substance que la laïcité, la forme républicaine de l’Etat, ainsi que le nombre de mandats du Président de la république et le multipartisme ne peuvent faire l’objet de révision.
Or, la Ligue des imams du Mali (Limama), de nombreuses autres associations musulmanes et les hommes politiques réclament le retrait du terme « Etat laïc» et son remplacement par « Etat multiconfessionnel où chacun exerce librement sa religion. Car, ont-ils souligné, la laïcité limite et encadre les relations entre l’Etat et les religions. Ce qui fait que par exemple, les religions ne sont pas enseignées à l’école, et l’administration n’autorise pas les prières en son sein, alors que le pays est fondé sur les religions, qu’elles soient musulmane ou chrétienne. « Il est donc impensable, pour nous, d’avoir un Mali sans Dieu », a déclaré à Radio France internationale, Youssouf Diawara, directeur de l’association de soutien à l’imam Mahmoud Dicko. (cath.ch/ibc/mp)
Ibrahima Cisse
Portail catholique suisse
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