Par Claude Jenny/Grandir
D’un côté Caritas, œuvre d’entraide internationale avec des antennes nationales dans de nombreux pays. Chez nous, c’est Caritas Suisse. Dont le rayonnement est partiellement assuré par des Caritas régionales. C’est le cas notamment à Fribourg, dans le Jura, etc… Caritas, c’est l’aile agissante, connue, directe de l’Église catholique au travers de multiples services offerts dans une optique de grande ouverture.
De l’autre côté et parallèlement, la plupart des Églises cantonales disposent d’un service ou secteur dit «Solidarités» ou «Diaconie». Ces entités directement rattachées aux «maisons diocésaines» des divers cantons – ou au diocèse en Valais – ont aussi un petit levier d’actions matérielles. Mais leur rôle est différent de Caritas. Ces services coiffent divers pôles d’intervention qui sont directement un lien avec l’accompagnement. Spirituel, bien sûr, mais dans un esprit très large. Les interventions quotidiennes des aumôniers et aumônières dans presque tous les hôpitaux et EMS – publics au minimum, privés parfois – illustrent une présence de l’Église qui s’adresse à tout le monde, indépendamment de son appartenance religieuse. Dans certains établissements, ces services d’aumôneries sont d’ailleurs «mixtes», composés d’un personnel catholique (prêtres ou laïcs) et protestant (pasteurs ou laïcs).
Parallèlement à cette présence dans le cadre de structures hospitalières ou maisons pour personnes âgées, les services «Solidarités» chapeautent un pôle dit d’entraide qui regroupe de nombreuses activités pastorales (monde du travail, pastorale de rue, relations avec les paroisses qui souvent soutiennes des mouvements locaux), etc…
En principe, les activités de Caritas et des services d’Églises agissent de manière autonome. A Fribourg, le paysage de la solidarité d’Église est en train de changer, à l’initiative des deux représentantes de l’évêque pour les deux régions linguistiques – Céline Ruffieux pour la partie francophone et Marianne Pohl-Henzen pour la partie alémanique du canton – et du président de Caritas Fribourg, Patrick Mayor. Avec la bénédiction de l’évêque, un rapprochement fort entre les deux entités est en train de se mettre en place.
C’est ainsi que le nouveau directeur de Caritas Fribourg, entré en fonction en novembre dernier, est aussi, depuis le 1er janvier de cette année, le responsable du tout le Service Solidarités de l’Eglise fribourgeoise. Un seul boss pour porter les deux casquettes, l’idée étant qu’une seule personne ait une vue d’ensemble de l’action diaconale au niveau d’un canton, celui de Fribourg en l’occurrence.
Encore fallait-il trouver l’oiseau rare qui permette cette audace structurelle! Recrutement sûrement réussi de ce nouveau patron, en la personne de Pascal Bregnard, homme d’Eglise à la longue expérience puisqu’il avait précédemment dirigé le service Solidarités de l’Église vaudoise. Un choix heureux qui permet véritablement d’entrer dans la phase concrète de la mise en route du nouveau train diaconal en terre fribourgeoise.
Concrètement, il en découle que le «Service solidarités» de l’Église fribourgeoise conservera ses pôles hôpitaux et EMS mais que sa partie entraide de deviendra un « Service diaconie » rattaché à Caritas, dirigée par une personne qui est entrée en fonction le 1er mai, Marie-Antoinette Lorwich, animatrice pastorale bien connue pour son déploiement dans la Broye vaudoise.
«1 + 1 feront ainsi davantage que 2!», commente Pascal Bregnard pour saluer cette mise en commun qui est en phase de démarrage mais qui devrait porter ses fruits moyennant peut-être des ajustements dans le futur, tant il est vrai qu’il n’est pas évident de faire se mélanger des travailleurs sociaux et des agents pastoraux! «Cette nouvelle structure doit permettre de mieux accueillir les plus pauvres de la société, conformément à l’enseignement du Christ et de mieux rayonner dans tout le canton » estime le nouveau boss, qui a déjà commencé à prendre son bâton de pèlerin pour aller à la rencontre des paroisses et les associer à ce processus en créant des antennes locales.
Caritas et ce nouveau Service cantonal de la diaconie vont par ailleurs s’employer, avec d’autres partenaires, à déployer de nouveaux champs d’action, notamment dans l’accompagnement non médical à domicile. (cath.ch/grandir/cj/bh)
Infirmier, théologie et bientôt diacre
Pascal Bregnard, le nouveau responsable de cette entité de la diaconie en terre fribourgeoise est un homme d’action de longue date. Habitant le canton, dans la Glâne, papa de quatre enfants ados, il a d’abord acquis une formation et une pratique d’infirmier. Puis il s’est enrichi d’une formation théologique pour pratiquer son activité professionnelle en Église, sa dernière fonction l’ayant conduit à assumer la responsabilité du Service Solidarités de l’Église catholique vaudoise.
Pascal Bregnard est aussi engagé à titre personnel et avec son épouse au sein de l’UP Marguerite Bays, à Romont, en participant avec un groupe de paroissiens à l’animation des célébrations familiales. D’entente avec son épouse, il a opté pour le diaconat permanent et arrive à mi-chemin de sa formation.
Pour lui, travail et engagement en Eglise vont de pair. «Il s’agit juste d’être cohérent entre le discours et l’action » dit Pascal Bregnard, «comme nous le demande le pape en sortant des sacristies et allant aux périphéries». CJ
Cet article a été publié dans le numéro de avril-mai de la revue Grandir
Rédaction
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