«Ces dix dernières années nous avons tous beaucoup appris, y compris moi!», a assuré le pape François, faisant un mea culpa au nom des leaders de l’Église. «Nous sommes restés en silence ou inactifs», a-t-il regretté, reconnaissant «l’incapacité à agir correctement pour arrêter ce mal et venir en aide à ses victimes». Exprimant «un sentiment commun de honte», le pontife argentin s’est remémoré une scène durant laquelle un homme l’avait désigné comme «abuseur» dans la rue, du simple fait de son sacerdoce, sans reconnaître qu’il était le cardinal archevêque de Buenos Aires.
«Aujourd’hui personne ne peut dire honnêtement ne pas être touché par la réalité des abus sexuels dans l’Église», a affirmé le chef de l’Église catholique. Évoquant comme un tournant l’explosion du scandale à grande échelle, révélé aux États-Unis par des journalistes du Boston Globe en 2002, il a fustigé la tentation de «regarder ailleurs» ou de «faire semblant de ne pas comprendre».
«Persévérez, avancez!», a martelé le pape à la Commission qui se trouve dans la tourmente depuis la démission fracassante du prêtre jésuite Hans Zollner. Celui-ci a claqué la porte le 29 mars dernier en pointant du doigt le manque de transparence au sein de cette instance, et des dysfonctionnements structurels. Ce qui a donné lieu à une passe d’armes avec le cardinal Sean O’Malley, président de la Commission, par communiqués interposés.
Un an après l’incorporation de la Commission au sein du dicastère pour la Doctrine de la foi, le pape a rappelé son rôle de formation des consciences au niveau des diocèses, déjà établi par le Motu Proprio Vos estis lux mundi (2019). Il a salué les programmes de la Commission pour la formation et l’accueil des victimes là où l’Église manque de moyens, en Afrique, en Asie et en Amérique latine.
Le pontife a aussi confirmé qu’il attendait le rapport annuel de la Commission, sur «ce qui fonctionne bien et sur ce qui ne fonctionne pas», afin d’améliorer la lutte. Et il leur a demandé de se saisir du «problème grave» des vidéos de pédopornographie en ligne. «On dirait qu’aucune autorité ne peut comprendre comment arrêter ce crime», a-t-il déploré.
«C’est un problème en plus, […] mais on peut faire un peu plus», a alors insisté l’évêque de Rome. Selon un expert proche du Vatican cependant, la Commission manque de moyens pour honorer ses missions qui se sont élargies au fil du temps. «Si l’Église veut vraiment se saisir de ce problème, elle doit investir. Sinon, cela risque de rester une façade», estime-t-il. (cath.ch/imedia/ak/bh)
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