Abus spirituels: les bénédictines de Montmartre demandent pardon

Les bénédictines du Sacré-Cœur de Montmartre (BSCM), à Paris ont reconnu le  2 mai «un système d’emprise, aux conséquences graves et durables, mis en place sur plusieurs décennies» par les anciennes responsables.

Pour la première fois publiquement, les bénédictines de Montmartre, reconnaissent «des années d’emprise» et des violences au sein de leur communauté qui ont «engendré de graves traumatismes, dont les effets perdurent encore chez certaines aujourd’hui» et qu’elles vont jusqu’à qualifier de « perversion de la vie religieuse ». Ces dérives ont causé le départ de nombreuses soeurs dans des conditions trop souvent douloureuses et difficiles. Les responsables de l’époque ne les ayant ni soutenues, ni accompagnées.  

La liste des violences subies est longue: «Abus spirituels et de conscience, abus de pouvoir et d’autorité, séparation des sœurs d’avec leur famille et leur référent spirituel, violences morales et physiques, menaces, mensonges systématisés, calomnies, climat de peur et de manipulation, humiliation, privation de liberté, absence de discernement vocationnel… » Ce système d’emprise s’est étendu sur plusieurs décennies mais sœur Marie-Jérémie Rorthais, conseillère générale de la communauté jointe par la Croix, date « la période particulièrement complexe entre 1998 et 2012 ».

Dans cette démarche inédite, les responsables actuelles de l’institut demandent publiquement et nomémment pardon aux sœurs ou ex-soeurs victimes de ces dérives. Pour sœur Marie-Jérémie Rorthais. « Pouvoir mettre des mots communs sur notre histoire est absolument fondamental pour renouer un dialogue et avancer sur un chemin de réconciliation.

Visites apostoliques en 2004 et 2012

Une première visite apostolique a pourtant eu lieu dès 2004, puis une deuxième en 2012 mais il a fallu attendre encore dix ans de plus pour que le «chemin de réforme et de conversion» entamé par la communauté aboutisse à cette repentance. »Beaucoup d’entre nous ont eu besoin de ce temps pour sortir totalement de cette emprise et nous remettre sur pied » note sœur Marie-Jérémie.

Les signataires de cette déclaration souhaitent voir la mise en place d’une commission indépendante dont les modalités restent à définir.  (cath.ch/cx/mp)

Maurice Page

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