Le ‘numéro 2’ du pape François ne sera pas l’unique haut représentant catholique puisque l’archevêque de Westminster, le cardinal Vincent Nichols, va aussi participer à la cérémonie à l’intérieur de la cathédrale. Est aussi convié le nonce apostolique au Royaume-Uni, Mgr Miguel Maury Buendia.
Peu de temps après le couronnement formel, effectué par l’archevêque de Canterbury Justin Welby, le cardinal Nichols devrait bénir le nouveau roi en même temps que d’autres leaders protestants et orthodoxes. Il déclarera alors au nouveau suzerain: «Que Dieu répande sur vous les richesses de sa grâce, qu’il vous garde dans sa sainte crainte, qu’il vous prépare à une heureuse éternité et qu’il vous reçoive enfin dans sa gloire immortelle».
Aucun catholique n’a cependant été associé aux 50 postes d’honneur pendant la cérémonie – contrairement à des personnalités juives, sikhs et hindoues qui devraient notamment présenter les regalia – les attributs du pouvoir.
En tant que suprême gouverneur de l’Église d’Angleterre, Charles III va recevoir le titre de «Fidei Defensor» – défenseur de la foi – qui a été conféré au roi Henry VIII par le pape Léon X en 1521. Douze ans plus tard, en 1533, le divorce et remariage du roi d’Angleterre, sans le consentement de l’Église, va entraîner son excommunication par le pape Clément VII.
En réaction, Henry VIII provoque un schisme en 1534 en obtenant du parlement anglais d’être considéré «l’unique chef suprême de l’Église d’Angleterre». Les relations avec Rome sont formellement rompues en 1536, mais rétablies sous le règne de Marie I. Le couronnement de celle-ci, le 1er octobre 1553, est la dernière cérémonie célébrée par un archevêque catholique – Mgr Stephen Gardiner, alors évêque de Winchester. Le couronnement d’Élisabeth I, qui succède à Mary I, le 15 janvier 1559, est la dernière cérémonie célébrée par un archevêque catholique – Mgr Owen Oglethorpe, alors évêque de Carlisle. La dernière présence d’un cardinal remonte au couronnement de Marie I comme reine d’Écosse en 1542.
Dès lors, les catholiques sont considérés pendant plusieurs siècles comme des ennemis de la communauté nationale et se sont longtemps vu interdir l’accès aux églises anglicanes, jusqu’à la fin du XXe siècle. Autre signe d’anticatholicisme: jusqu’en 1901, lors du couronnement de Edouard VII, le nouveau roi devait dénoncer publiquement la transubstantiation. La pratique est ensuite abandonnée.
Lors du dernier couronnement, celui de la reine Élisabeth II en 1953, aucun catholique n’était entré dans la basilique. Mgr William Godfrey, le nonce apostolique de l’époque – le premier depuis la réforme – avait assisté à la procession jusqu’à l’abbaye de Westminster mais n’était pas entré. L’archevêque de Westminster de l’époque, le cardinal Bernard Griffin, n’était pas venu, mais avait célébré une messe pour la reine la veille de la cérémonie.
Le règne d’Elisabeth II a contribué à apaiser les relations entre anglicans et catholiques, en particulier après le Concile Vatican II. Les liens diplomatiques entre le Royaume-Uni et le Saint-Siège n’ont été rétablis qu’en 1982.
Lors de la cérémonie, un des moments les plus importants est celui de l’onction, qui sera effectuée par l’archevêque de Canterbury alors que quatre chevaliers empêchent l’assistance de voir le cérémonial sacré. La tête, la poitrine et les mains du suzerain sont alors ointes à l’abri des regards. L’huile qui sera employée le 6 mai a été consacrée par le patriarche orthodoxe Théophile III, au Saint-Sépulcre à Jérusalem le 4 mars dernier.
Historiquement, cette onction a été accordée par le pape Adrien Ier à un des premiers rois de l’Angleterre unifiée, Offa de Mercie, pour son fils Ecgfrith en 787. La pratique est devenue usuelle au Xe siècle.
Le pape François a offert deux fragments de la Sainte Croix au nouveau roi qui a demandé qu’ils soient enchassés dans la croix d’argent qui sera utilisée pendant la cérémonie du couronnement. Le Saint-Siège a fait savoir qu’il s’agissait d’un geste œcuménique voulu par le pontife. (cath.ch/imedia/cd/bh)
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