Au terme du «Souverain Conseil d’État», John Dunlap devient le 81e grand maître de cet ordre fondé en 1099, pendant les croisades, par le premier grand maître, Frère Gérard – sous le nom d’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Aujourd’hui doté d’une souveraineté fonctionnelle mais constitutionnellement lié au Saint-Siège, l’Ordre souverain militaire et hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte – son nom complet – est une importante organisation caritative internationale.
Le Canadien, avocat de formation, est un spécialiste du droit des sociétés et du droit de l’immigration, et a longtemps été conseiller juridique du Saint-Siège dans sa mission permanente d’observation aux Nations unies à New York.
Admis dans l’Ordre de Malte en 1996, il est devenu le premier membre du continent américain de l’Ordre à prononcer ses vœux solennels en 2008. Depuis 2009, il était membre du Souverain conseil de l’Ordre et occupait le poste de président du Comité pour la protection des noms et emblèmes et celui de représentant auprès de l’Alliance des Ordres de Saint-Jean.
Son élection met fin à une période délicate pour la gouvernance de l’Ordre. Fra’ John Dunlap assurait l’intérim après avoir été désigné lieutenant par le pape le 13 juin 2022, suite à la mort subite du précédent lieutenant, Fra’ Marco Luzzago, le 7 juin. Ce dernier avait été élu après le décès d’un cancer du dernier grand maître, Fra’ Giacomo Dalla Torre del Tempio Sanguinetto, le 29 avril 2020.
Fra’ John Dunlap est le premier grand maître depuis la fin de la réforme et la promulgation de la nouvelle constitution par le pape François le 3 septembre dernier. La charte constitutionnelle prévoit que pour la première fois de son histoire, le grand maître n’est plus élu à ma vie mais, à l’instar d’autres ordres religieux, pour dix ans, renouvelables une fois. Il ne pourra en outre pas dépasser une limite d’âge fixée à 85 ans.
Cette réforme avait été initiée en 2017 après une importante crise au sommet. Le pape avait alors obtenu la démission du grand maître de l’époque, Fra’ Matthew Festing, ainsi que la disgrâce du patron de l’Ordre, le cardinal américain Raymond Leo Burke, officiellement toujours en poste mais déchargé de toute autorité dans les faits. Ces deux derniers avaient écarté un haut cadre de l’organisation sur fond de polémique concernant la distribution de préservatifs par des antennes de l’Ordre.
Pour porter sa réforme, le pape avait nommé Mgr Angelo Becciu représentant auprès de l’Ordre en février 2017, mais son implication dans l’affaire financière de l’immeuble de Londres avait poussé le pontife à lui faire abandonner sa charge le 24 septembre 2020. Pour le remplacer, François avait ensuite dû faire appel à un ancien diplomate expérimenté du Saint-Siège, le cardinal Silvano Tomasi, nommé le 1er novembre de la même année. Ce dernier avait été assisté par une équipe de hauts membres de l’Ordre, dont le Canadien John Dunlap.
C’est ce même cardinal Tomasi qui a ouvert les rencontres le 2 mai par une messe célébrée en présence du chapitre des profès et des membres du Conseil complet, puis a assisté aux deux journées d’élection. Le même jour, le chapitre des profès de l’Ordre – les membres religieux – s’est rassemblé dans la Villa Magistrale sur l’Aventin pour un scrutin qui leur a permis de sélectionner trois noms.
C’est parmi cette «terna» que le Conseil complet d’État de l’Ordre de Malte, composé de 28 membres, a ensuite sélectionné le nouveau grand maître. Selon la vaticaniste italienne du journal «Messaggero» Franca Giansoldati, les trois candidats étaient le Canadien Fra’ John Dunlap, l’Anglais Fra’ Maxwell Rumney et l’Italien Fra’ Sandro De Franciscis.
Selon l’article 12 de la Constitution, le grand maître est le chef de l’Ordre et a droit aux prérogatives et aux honneurs souverains ainsi qu’au titre d’ «Altesse Éminente». Résidant dans la Villa Magistrale sur la colline de l’Aventin à Rome, il doit se consacrer entièrement au développement des œuvres de l’Ordre et être «un exemple de vraie vie chrétienne».
Le grand maître, avec le Souverain Conseil, est aussi chargé d’adopter les mesures législatives non prévues par la nouvelle Charte constitutionnelle promulguée par le pape François en septembre dernier et adoptée en janvier par le Souverain Conseil. Le grand maître peut aussi promulguer les actes de gouvernement et ratifier des accords internationaux. Enfin, il administre, par l’intermédiaire du receveur du trésor commun, les biens de l’Ordre et convoque le chapitre des profès et le chapitre général.
Présent dans 120 pays, l’Ordre vient en aide aux personnes dans le besoin à travers des activités médicales, sociales et humanitaires. Sur son site, l’Ordre explique qu’il se compose de plus de 13.500 chevaliers, dames et aumôniers. Quelque 80’000 bénévoles permanents travaillent à leurs côtés, ainsi que 42’000 employés, du personnel médical en majorité. (cath.ch/imedia/cd/be)
Jacques Berset
Portail catholique suisse
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