La rencontre est insolite et marque la volonté du patriarcat de Moscou d’afficher de bonnes intentions vis-à-vis de Rome. Chaque semaine, à l’issue de sa catéchèse du mercredi matin, le pape François salue traditionnellement quelques personnalités venues assister à l’audience publique. Dans la plupart des cas, il s’agit de cardinaux et d’évêques catholiques présents pour quelques jours à Rome.
Ce matin, le premier à venir ostensiblement saluer le pape n’était autre que le métropolite Antoine, chef de la diplomatie du patriarcat de Moscou. Le pape François a alors embrassé sa croix pectorale, comme il le fait systématiquement lorsqu’il rencontre un représentant orthodoxe, en signe d’amitié.
Les deux hommes se sont serrés longuement la main et leur échange a duré une minute – ce qui est rare. Avant de se quitter, le métropolite a remis au pape François un cadeau, qui semble être un encolpion orthodoxe, ce médaillon précieux comportant une icône en son milieu. Puis Antoine est reparti avec le sourire.
Le métropolite russe était arrivé à Rome lundi. Il a pu rencontrer mardi le nouveau préfet du dicastère pour les Églises orientales, Mgr Claudio Gugerotti. «Avec la bénédiction de Sa Sainteté le patriarche Kirill de Moscou et de toute la Russie, […] le président du département des relations ecclésiales extérieures est arrivé en Italie pour une courte visite de travail», indiquait hier le patriarcat de Moscou.
Cette rencontre manifeste la volonté de Rome et de Moscou d’un rapprochement, alors que la guerre en Ukraine avait distendu les rapports entre les deux Églises. Une série de critiques avait entamé les relations au printemps 2022, le pape François mettant notamment en garde le patriarche Cyrille de ne pas devenir le «clerc d’État» du président Poutine.
Samedi 29 avril, à Budapest, le pape François s’est entretenu avec le métropolite de Hongrie Hilarion. Cette rencontre avec l’ancien ›ministre des affaires étrangères’ du patriarcat de Moscou qui avait été rétrogradé à Budapest en juin 2022 ne figurait pas dans le programme officiel.
Dimanche, dans l’avion qui le ramenait de Budapest à Rome, le pape François a jugé «nécessaire» de maintenir les rapports avec l’orthodoxie russe. «Nous devons avoir la main tendue avec tout le monde», a-t-il confié, alors que beaucoup critiquent l’attitude du patriarcat de Moscou qui a justifié l’invasion de l’Ukraine.
À propos du patriarche Cyrille le pape argentin a assuré n’avoir parlé qu’une seule fois avec lui depuis le début de la guerre. Il a rappelé qu’une rencontre à Jérusalem avec le patriarche avait été suspendue en juin de l’année passée mais il a confié qu’elle «devra se faire». (cath.ch/imedia/hl/bh)
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