Hongrie: le pape rencontre des pauvres et des réfugiés

Les pauvres «sont au cœur de l’Évangile», a rappelé le pape François le 29 avril 2023, au deuxième jour de sa visite en Hongrie. Pour la deuxième étape de sa journée à Budapest, le pape François s’est rendu en l’église Sainte-Élisabeth de Hongrie pour une rencontre avec les pauvres et réfugiés, parmi lesquels des Ukrainiens.

La Hongrie a accueilli plus d’un million de réfugiés ukrainiens depuis le début de l’offensive russe en février 2022, la plupart pour une période courte, mais quelques dizaines de milliers s’y sont installés durablement.

Un réfugié ukrainien, Oleg Yakovlev, venu avec son épouse et ses cinq enfants, a raconté avoir fui son pays en mai 2022 après des bombardements sur sa ville de Dnipro. «Pour nous et pour nos enfants, la Hongrie a été le début d’une nouvelle vie, d’une nouvelle possibilité», a-t-il salué, exprimant aussi sa gratitude au pape François «au nom des réfugiés de l’Ukraine». Deux enfants de cette famille ont ensuite joué au saxophone et à l’accordéon une mélodie du compositeur argentin Astor Piazzolla (1921-1992), sous le regard ému du pape François.

Blottie dans la paume de Dieu

Le président de la Caritas Hongrie, Mgr Antal Spanyi, a expliqué que cette organisation, fondée en 1931, fut interdite par le régime communiste en 1950. Elle a poursuivi clandestinement ses activités dans les paroisses, assurant une continuité de la présence, sociale jusqu’à sa relance officielle en 1991. Elle vient aujourd’hui en aide aux personnes âgées et aux malades, aux familles dans le besoin et aux handicapés, mais aussi aux toxicomanes, aux sans abri, aux minorités désavantagées, aux chrétiens persécutés ou encore aux victimes de désastre humanitaire.

Une jeune mère de famille venue de la ville de Mariapocs, Brigitta Kanalas, issue d’un milieu très pauvre et mariée à 17 ans, a exprimé sa reconnaissance à l’Église gréco-catholique face aux difficultés sociales et au désespoir ressenti face à la maladie de sa fille et de son mari alcoolique. Elle a raconté sa propre guérison, après une prière à Marie qui l’a amenée à être «complètement blottie dans la paume de Dieu».

«La personne se reconstruit en partant de l’intérieur»,

Un diacre permanent, Zoltán Kunszabó, et son épouse Anna Pataki Kunszabó, ont présenté l’expérience du service «Uno Solo», qui vient en aide aux personnes sans abri. Ils ont expliqué qu’ils prennent en charge environ 150 personnes par jour, qui souffrent de difficultés matérielles mais aussi «de l’épuisement de leurs ressources intérieures» et du «manque de relations humaines de soutien».

«La personne se reconstruit en partant de l’intérieur», a expliqué Anna. Situant l’action dans une démarche chrétienne explicite, en donnant aussi la possibilité de se préparer aux sacrements, elle a exprimé sa grande joie de voir des personnes désespérées repartir de l’avant et se mettre elles-mêmes au service de l’association.

Suivre la voie de la charité et non celle de l’égoïsme spirituel

Dans son discours, le pape a rappelé que les pauvres sont «au cœur de l’Évangile», et que cette conscience représente un «défi passionnant». Le chrétien ne doit pas devenir «la proie d’une sorte d’égoïsme spirituel», en bâtissant une spiritualité construite pour sa «propre tranquillité intérieure» et sa «propre satisfaction».

«La vraie foi, en revanche, est celle qui dérange, qui risque, qui fait sortir à la rencontre des pauvres et qui rend capable de parler à travers la vie le langage de la charité», a-t-il martelé. Il a mis en avant l’exemple de sainte Élisabeth, une fille de roi qui a «ressenti un rejet des richesses et des vanités du monde, et a éprouvé le désir de s’en dépouiller et de s’occuper de ceux qui étaient dans le besoin».

La «peste de l’indifférence»

Toute l’Église doit donc «parler couramment le langage de la charité, un langage universel que tous entendent et comprennent, même les plus éloignés, même ceux qui ne croient pas», a expliqué l’évêque de Rome.

Il a mis en avant l’expérience vécue par la famille ukrainienne en rappelant que le père, Oleg, avait connu la Hongrie plusieurs décennies auparavant en venant y travailler comme cuisinier. En fuyant la guerre, il a donc vécu un «voyage vers l’avenir» qui a commencé par un «voyage dans la mémoire». «Le souvenir de l’amour reçu ravive l’espoir et incite à emprunter de nouveaux chemins de vie», a souligné François, s’élevant au contraire contre «la peste de l’indifférence».

Invitant à «nourrir le cœur des gens» et non seulement à répondre à leurs besoins matériels, le pape a expliqué que la charité «se préoccupe de toute la personne et veut la remettre debout grâce à l’amour de Jésus: un amour qui aide à retrouver beauté et dignité».

Salut aux fidèles gréco-catholiques

Après un long temps consacré à saluer les personnes présentes à l’église Sainte-Élisabeth et à écouter une chorale de Roms, le pape François s’est ensuite rendu juste à côté, à l’église gréco-catholique de la Protection de la Mère de Dieu. Des enfants lui ont offert un chapelet qu’il a enroulé à son poignet.

Mgr Fülöp Kocsis, archevêque métropolite de l’éparchie de Hajdúdorog pour les catholiques de rite byzantin, a expliqué que son Église a beaucoup souffert en raison de sa double appartenance aux deux poumons du christianisme, «l’esprit de l’Orient et l’esprit de l’Occident», souvent mis en avant par Jean Paul II.

«Nos martyrs sont morts non seulement pour leur foi chrétienne, mais surtout pour leur fidélité à l’Église catholique». «Ils sont morts pour elle» en refusant de «se plier aux diktats de la violence communiste», a rappelé l’archevêque.

«Avec votre visite d’aujourd’hui, nous avons une forte confirmation que nous sommes des membres égaux de la famille catholique, et nous promettons de nous engager à apporter à tous un message d’unité et de fraternité», a insisté Mgr Kocsis. La litanie de la paix a été chantée en présence du pape François, qui n’a pas prononcé de discours mais a béni l’assemblée au terme de cette brève rencontre.

Il doit ensuite retourner à la nonciature apostolique pour le déjeuner et un temps de repos, avant de se rendre vers 16h à la rencontre avec les jeunes à la Pápp László Budapest Sportaréna. (cath.ch/imedia/cv/rz)

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