Saluant en outre le pays pour ses politiques familiales dans une Europe où certains promeuvent la « culture du genre » ou bien l’avortement, le pape François a aussi dénoncé les « populismes autoréférentiels » et a souligné la nécessité d’accueillir les migrants.
Après s’être entretenu à huis clos pendant vingt-cinq minutes avec la présidente de la République hongroise Katalin Novák puis une vingtaine de minutes avec le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, le pape François s’est exprimé, debout durant vingt minutes, devant les autorités du pays et le corps diplomatique réunis dans l’ancien carmel qui abrite le siège du gouvernement, au cœur de la capitale hongroise.
Plus d’un an après l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes et alors que les perspectives de paix sont inexistantes – Kiev se prépare à mener une contre-offensive au printemps -, le pape François a choisi d’alerter depuis Budapest les consciences européennes.
Cette « ville de ponts », qui a connu les « dictatures nazie et communiste », porte, selon le pape, « la mission de garder le trésor de la démocratie et le rêve de la paix ». Cette capitale au cœur du continent « rappelle le chemin unitaire entrepris par l’Europe, dans laquelle la Hongrie trouve son berceau vital », a-t-il souligné, avant de déplorer le «triste déclin du rêve choral de paix» et de la politique communautaire au profit «des solistes de la guerre».
Or, a prévenu le pape, « la paix ne viendra jamais de la poursuite d’intérêts stratégiques particuliers ». Et de souligner que, dans ce moment historique, il est essentiel de retrouver l’âme européenne, cet « enthousiasme et le rêve des pères fondateurs, des hommes d’État qui ont su regarder au-delà de leur époque, au-delà des frontières nationales et des besoins immédiats, en mettant en œuvre des diplomaties capables de recoudre l’unité et non d’élargir les déchirures ».
Dressant un parallèle entre la variété remarquable des circonscriptions de Budapest et l’Europe des vingt-sept, le pape a répété que cette union qui crée des ponts entre les nations avait besoin de la contribution de tous et devait être un tout qui n’aplatit pas les parties.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Hongrie défend l’arrêt des combats et la résolution du conflit par la conciliation. Le gouvernement de Viktor Orbán a refusé d’envoyer ou de financer des armes en Ukraine, une attitude critiquée par les autres États membres.
Avant de prendre la parole, le pape François avait écouté l’appel de la présidente Katalin Novák. « Ici, à Budapest, nous vous demandons de bien vouloir intercéder personnellement pour une paix juste le plus rapidement possible », avait-elle plaidé, assurant que « nous, mères, voulons en premier lieu remporter la paix et non la guerre ; nous ne voulons pas envoyer nos fils et nos maris au front ». La présidente exhortait le pape de parler « à Kiev et à Moscou, à Washington, à Bruxelles, à Budapest et à tous ceux sans qui il ne peut y avoir de paix. »
S’il a dénoncé les « populismes autoréférentiels », le pape François a aussi regretté le « supranationalisme abstrait [et] oublieux de la vie des peuples » qui se distille en Europe. « C’est la voie néfaste des ›colonisations idéologiques’ qui éliminent les différences, comme dans le cas de ladite culture du genre », s’est-il attristé. Fustigeant au passage le «droit insensé à l’avortement», le pape a au contraire salué le fait que la Hongrie poursuivait soigneusement des politiques efficaces pour la natalité et la famille. Sur ce point également, ce pays d’Europe centrale est régulièrement pointé du doigt par des membres de l’Union européenne, comme en septembre dernier, alors qu’un décret hongrois avait durci la loi sur l’avortement.
Le pape François a aussi voulu rappeler aux autorités du pays l’exigence de prendre soin des plus démunis et spécialement des migrants, un sujet de discorde entre le pontife et le chef du gouvernement hongrois lors de la crise migratoire des Balkans au milieu des années 2010. Citant la constitution du pays – « nous déclarons que l’assistance aux nécessiteux et aux pauvres est une obligation » -, le pape François a aussi convoqué saint Étienne, le père de la nation hongroise, qui écrivait : « un pays qui n’a qu’une seule langue et une seule coutume est faible et décadent. C’est pourquoi je te recommande d’accueillir bien volontiers les étrangers et de les considérer avec honneur, afin qu’ils préfèrent rester chez toi plutôt qu’ailleurs ».
Reconnaissant que le thème des migrations suscitait beaucoup de débats et était complexe, il a plaidé pour que le sujet soit abordé «sans excuses ni retards». Il a pris le soin de souligner qu’il fallait y répondre communautairement. Ainsi, il est « urgent, en tant qu’Europe, de travailler à des voies sûres et légales » pour répondre au défi historique qui ne pourra être maîtrisé par le rejet. (cath.ch/imedia/ak/mp)
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