Né en 1943, à Hradec Králové, en Tchécoslovaquie, le jeune Jaroslav Duka (et pas encore Dominik) est fils d’un militaire intégré de force à l’armée nazie avant d’en déserter pour rejoindre les rangs britanniques dans la Royale Air Force. En 1948, son père, jugé trop proche de l’Occident, est emprisonné par le régime communiste, laissant sa mère l’éduquer seule, lui et sa sœur Eva, pendant plusieurs années.
L’enfance de Jaroslav est très difficile: sa famille est expulsée de son logement, puis il n’est pas autorisé à poursuivre à l’université à cause du passé de son père, ce qui entretient le jeune garçon dans sa haine du régime. Il doit cependant faire son service militaire puis commencer à travailler dans une usine gérée par le gouvernement.
Mais il a une autre vocation: après plusieurs essais infructueux, il est finalement admis à la faculté de théologie de Litomerice en 1965, dont il sort en 1970 en étant ordonné. En cours de formation, il rejoint secrètement les dominicains, interdits par le régime, et prend comme nom de code le prénom du fondateur de l’Ordre des prêcheurs, Dominik, qu’il gardera par la suite.
À partir de 1970, Dominik Duka est prêtre dans des paroisses de la Bohême occidentale, ayant été transféré après avoir été pris en train d’enseigner la religion. En 1975, le gouvernement lui interdit d’exercer sa charge sacerdotale, et il est à nouveau obligé de travailler, occupant pendant 15 ans un poste de dessinateur industriel dans l’usine Skoda à Pilsen.
Pendant cette période, il prononce ses vœux perpétuels et établit avec d’autres dominicains une société secrète dans une maison pour former les membres de l’Ordre et publier des samizdats religieux. En 1976, il prend en charge l’enseignement de l’Ordre dominicain, et crée un réseau d’enseignement avec l’aide du cardinal polonais Stefan Wyszyński. Il obtient lui-même son diplôme de théologie en 1979, à 36 ans.
En 1981, il est confondu par la police et condamné à 15 mois de prison à Bory. Une période qu’il décrira comme formidable parce qu’elle lui permet de rencontrer tous les grands noms de l’opposition, notamment Vaclav Havel, ainsi que de nombreux supérieurs religieux. Des connaissances pour lesquelles il célèbrera des messes clandestines et qui resteront ses amis par la suite. «Après 1989, je me suis retrouvé dans le rôle: ‘Allez, négociez, vous connaissez Havel, vous connaissez Dienstbier…’», racontera-t-il plus tard.
Entre 1986 et 1998, il devient provincial des dominicains de Tchécoslovaquie. Son ordre sort de l’illégalité en 1989 après la «révolution de velours», et il obtient le retour des monastères en ville en 1990 après 40 ans de totalitarisme. Considéré comme un des artisans de la reconstruction morale de son pays après la chute du Mur, il s’impose comme un intellectuel prolifique, en tant que bibliste, ou membre de nombreuses universités et revues, notamment Communio.
Il participe activement à la traduction en tchèque de la Bible de Jérusalem, qui paraît en 2009. En 1998, le pape Jean Paul II le nomme évêque de Hradec Králové, sa ville natale. Tout en restant dans son diocèse, il est administrateur apostolique de Litomerice de 2004 à 2008. Il reçoit la Grande Croix de l’Ordre de Malte et est décoré de la Croix du Mérite de première classe par l’armée tchèque en 2008.
En 2010, Benoît XVI nomme Dominik Duka archevêque de Prague. La même année, il reçoit le titre de docteur honoris causa de la Faculté de théologie de Fribourg. Il est également élu à la tête de la Conférence des évêques tchèques. Il mène alors une longue bataille en vue de se faire restituer les biens de l’Église confisqués par les communistes, et obtient gain de cause en 2015. En 2012, il est créé cardinal par le pontife allemand, avec lequel il entretient d’excellentes relations.
Il participe au conclave de 2013. Considéré comme conservateur, il fait partie des cardinaux conservateurs qui signent un livre pour défendre la famille lors du second synode sur la Famille, en 2015. Dominik Duka se fait souvent défenseur de la liberté religieuse des chrétiens dans le monde, n’hésitant pas à critiquer la Turquie ou la Chine. Pendant la crise pandémique, il pointe d’ailleurs du doigt la responsabilité de cette dernière.
En 2022, il contracte le Covid-19 et ne peut participer à la visite ad limina. En mai de la même année, le pape François accepte sa renonciation, à Prague à l’âge de 79 ans – quatre ans après l’âge légal, le gouvernement tchèque ayant demandé son maintien en poste.
Le prochain cardinal électeur à atteindre les 80 ans devrait être le cardinal Crescenzio Sepe, archevêque émérite de Naples, le 2 juin prochain. (cath.ch/imedia/cd/rz)
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