Procès Becciu: les cardinaux Filoni et Sandri convoqués comme témoins

Lors de la 56e audience du procès de l’affaire dite ›de l’immeuble de Londres’, qui s’est tenue au Vatican le 20 avril 2023, le tribunal a confirmé les nouveaux chefs d’accusation récemment introduits par le promoteur de justice, les demandes de nullité de la défense étant pour leur part rejetées. L’élargissement du procès va entraîner la convocation comme témoins de deux anciens substituts de la secrétairerie d’État, les cardinaux Leonardo Sandri et Fernando Filoni.

À l’issue de l’audience, le juge Giuseppe Pignatone a lu une ordonnance dans laquelle il accepte d’incorporer au procès tous les chefs d’accusation présentés par le promoteur de justice Alessandro Diddi, et a rejeté les demandes de nullité de la défense. Le juge a cependant demandé au promoteur de justice de reformuler plus clairement les charges, la défense s’étant plainte de leur formulation qu’elle juge trop floue. 

Lors de l’audience du 30 mars dernier, Alessandro Diddi avait annoncé qu’il souhaitait que les accusés Rafaelle Mincione, Enrico Crasso et Gianluigi Torzi soient poursuivis pour corruption, et que Fabrizio Tirabassi et Enrico Crasso le soient pour blanchiment d’argent (« autoriciclaggio »), en plus des charges qui pesaient déjà contre eux. Le promoteur avait aussi déclaré que d’autres charges avaient été « corrigées », sans spécifier lesquelles. 

Ces chefs d’accusations portent sur deux nouveaux pans du procès. Le premier porte sur des sommes d’argent apparemment envoyées par Raffaele Mincione à Enrico Crasso par l’intermédiaire d’une société nommée Aspigam International. 

Le second se penche sur l’activité numismatique de la famille de Fabrizio Tirabassi, déjà mentionnée à plusieurs reprises dans ce procès. Ce dernier, selon le promoteur, aurait blanchi les gains obtenus par corruption en médailles, espèces et pièces qui ont été retrouvées dans une propriété de famille lors de l’enquête. 

Fabrizio Tirabassi a été fonctionnaire de la secrétairerie d’État de 1989 à 2019. Commençant comme rédacteur et ›minutante›, il a progressivement gravi les échelons, intégrant le Bureau administratif, l’organe financier de la secrétairerie d’État dirigé par Mgr Alberto Perlasca – témoin principal du procès. Tirabassi a été suspendu en 2019 en même temps que deux autres employés du Vatican présents sur le banc des accusés, Mgr Mauro Carlino et Tommaso Di Ruzza. 

Quatre substituts dans un procès

Le Bureau administratif, dans lequel a travaillé Fabrizio Tirabassi, fait partie de la Première section de la secrétairerie d’État, dirigée par le substitut. Pour examiner le passé de Fabrizio Tirabassi, le tribunal a souhaité convoquer deux anciens substituts : le cardinal argentin Leonardo Sandri, en poste de 2000 à 2007 et aujourd’hui préfet émérite du dicastère pour les Églises orientales, et le cardinal italien Fernando Filoni, à la tête de la Première section de 2007 à 2011 et grand maître de l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem depuis 2019.

Ce dernier a eu comme successeur le cardinal Angelo Becciu de 2011 à 2018, qui est accusé de détournement de fonds, d’abus de pouvoir en bande organisée et de subornation dans l’actuel procès, puis de l’actuel substitut, Mgr Edgar Peña Parra, récemment entendu comme témoin par le tribunal du Vatican.  

Le procès, dont le fil rouge est l’utilisation de ressources financières par la Première section de la secrétairerie d’État, implique donc désormais les quatre derniers substituts, dont trois en tant que témoins.

Fait rare, quatre cardinaux ont aussi été convoqués par le tribunal : outre les cardinaux Becciu (accusé), Sandri (témoin) et Filoni (témoin), le cardinal Oscar Cantoni, évêque de Côme, a aussi été entendu sur la possible subornation de témoin dont est accusé le cardinal Becciu. Attendu un temps, le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État, n’a finalement pas été appelé par le tribunal.

Prochaines audiences 

L’audience a aussi été l’occasion d’entendre la fin du témoignage de Giulio Corrado, un associé de l’accusé Raffaele Mincione. Il a apporté quelques détails supplémentaires sur la restructuration de l’immeuble de Sloane Avenue sur lequel il avait travaillé au sein de WRM Group, l’entreprise de l’accusé Raffaele Mincione.

La prochaine audience se tiendra le 11 mai et sera l’occasion d’entendre notamment le cardinal Leonardo Sandri. Une audience est aussi prévue le 12 mai. (cath.ch/imedia/cd/ ic/mp)

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