Une vingtaine de membres des trois branches des Béatitudes – laïcs, frères, sœurs – ont été reçus par le pape François, pour le 50e anniversaire de la fondation de la communauté. Au cours de l’audience, dans son discours que le Vatican a fait le choix de ne pas diffuser en direct, le pape a été «très encourageant», assure la présidente de la communauté, sœur Anna Katharina. Le pontife a notamment invité à «aller de l’avant avec le sourire», à garder «confiance». Il a aussi exhorté à «ne pas se laisser décourager, même si les temps ne sont pas faciles», reconnaît-elle.
En revanche, confie la religieuse allemande, le pape n’a «pas parlé directement» des abus. La communauté des Béatitudes – à l’origine dénommée communauté du Lion de Juda et de l’Agneau immolé –, fondée en France en 1973 dans la mouvance du renouveau charismatique, a connu un parcours tourmenté. Elle compte parmi ses fondateurs l’ancien diacre Gérard Croissant, appelé Ephraïm, qui a été démis de l’état clérical en 2007 pour abus sexuels et de conscience, au sein de cette communauté où les révélations de cas se sont enchaînées jusqu’à récemment.
«Mais à aucun moment le pape n’en a fait mention, ce qui a posteriori a étonné certains», confie un des participants à l’audience. En revanche, l’histoire troublée et la vaste réforme de la gouvernance et des statuts de la communauté, ont été évoquées par les responsables eux-mêmes, dans l’introduction de l’audience avec le pape.
Suite aux nombreux scandales d’abus qui ont touché divers responsables de la communauté – dont le beau-frère de Gérard Croissant, Philippe Madre, modérateur général pendant 15 ans – une réforme a été lancée en 2010, établissant notamment un gouvernement séparé pour les laïcs et les consacrés. Cependant, encore récemment, deux nouveaux cas de prêtres abuseurs, sur fond d’omerta, ont été révélés fin 2022 par le journal La Croix.
Pour sœur Anna Katharina, «quand on parle des abus dans la communauté, cela se réfère aux temps plus anciens». Aujourd’hui, explique-t-elle, «le gouvernement est très décentralisé, ce n’est pas une seule personne qui décide, on est plusieurs à parler, à se consulter, et cette décentralisation évite des dysfonctionnements, ce qui n’était pas le cas avec les anciens statuts».
Elle souligne le «gros travail» de refonte réalisé pendant dix ans, de 2010 à 2020, parsemé de «nombreux aller-retour avec le dicastère [pour les Instituts de vie consacrée, ndlr] et avec le dicastère pour la Doctrine de la foi». Cinquante ans après la naissance des Béatitudes, «on n’oublie pas le passé, on travaille sur notre passé aussi, en faisant un bilan historique», assure la religieuse. Avant d’exprimer la volonté de regarder l’avenir, «comme le pape l’a dit».
«Le pape regarde où il y a la vie, il ne regarde pas en premier lieu le mal, il nous invite à avancer», renchérit sœur Eva de Jésus, responsable générale de la branche féminine des consacrées. Les responsables font état d’une rencontre «très cordiale, très fraternelle, très proche, amicale», entre l’évêque de Rome et l’équipe internationale – France, Nouvelle Zélande, Pologne, Vietnam, Centrafrique… – représentant les 750 membres présents dans 30 pays.
Dans son discours écrit, remis aux participants – mais non lu –, le 266e pape salue la «beauté» de leur liturgie et de leur vie de prière proche de la spiritualité carmélite et byzantine et il dresse une liste de l’apostolat varié de cette congrégation.
Il se réjouit de leurs projets humanitaires, tels que des établissements de santé dans des zones plus pauvres, des centres d’écoute pour personnes en difficulté, des missions dans les prisons. Il mentionne également leurs animations de lieux de vacances, ainsi que leurs rassemblements internationaux à Lourdes, à Lisieux, en Terre Sainte. Enfin, le pape rend hommage aussi à leur contribution au «dialogue interreligieux» et à la «défense des droits de l’homme». (cath.ch/imedia/ak/bh)
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