Le pape explique avoir pris cette décision en réponse à «l’invitation des hiérarques» des Églises orientales. Ces derniers, assure-t-il, considèrent que la présence d’un trop grand nombre d’évêques émérites dans les synodes pose des «difficultés», en particulier dans le cadre des élections des évêques et des hauts représentants.
Une explication que confirme à I.MEDIA l’archéparque melkite de Tripoli (Liban), Mgr Édouard Daher, qui se réjouit que le pape ait entendu leur demande. Il explique que les évêques émérites, souvent très nombreux, avaient en effet «trop d’influence» sur les votes des synodes et pouvaient «transformer» les résultats de certains scrutins.
Il y a eu, dans certains cas, un vrai «contre-pouvoir des émérites», explique à I.MEDIA une source vaticane, qui expliquent que des évêques à la retraite ont même empêché la nomination de certains évêques dans des diocèses vacants. Face à ce phénomène de «synodes vieillissants», le pape, avec l’accord des responsables des Églises orientales, a voulu mettre fin à tout risque de «gérontocratie» dans lequel des personnes qui ne sont plus responsables de l’Église «décident de son avenir», souligne-t-il.
Les évêques émérites de plus de 80 ans gardent cependant une place dans les synodes dans lesquels ils ont une voix consultative et non plus délibérative. Pour établir cette nouvelle norme, le pontife a modifié quatre canons du Code des canons des Églises orientales, le droit canonique qui régit le fonctionnement commun des 23 Églises orientales reconnues par l’Église catholique. Le motu proprio entrera en vigueur le 17 mai prochain.
Il ne faut pas confondre le Synode des évêques, institution fondée Paul VI lors du Concile Vatican II, qui est un corps consultatif manifestant la collégialité des évêques qui se réunit périodiquement pour aborder les grandes questions de l’Église, et les synodes des évêques orientaux. Ceux-ci ont en effet comme mission d’établir collégialement des lois pastorales communes.
Les synodes orientaux ont aussi pour fonction de proposer des terna – sélection de trois candidatures – au pape pour qu’il désigne un nouvel évêque dans un de leur diocèse. Dans l’Église latine, à quelques exceptions près, ces terna sont établies par les membres du dicastère pour les Évêques ou par ceux du dicastère pour l’Évangélisation.
Les synodes orientaux doivent enfin élire leur chef – qui peut être un patriarche, un archevêque majeur, un archéparque ou un éparque. Ces derniers, élus à vie, peuvent continuer à voter après 80 ans, étant toujours en poste.
Au Vatican, la question des Églises orientales est gérée par le dicastère éponyme. Ce dernier s’occupe des six Églises catholiques patriarcales – maronite, copte, arménienne, syriaque, melkite et chaldéenne -, des quatre Églises catholiques archiépiscopales majeures – ukrainienne, syro-malabare, syro-malankare, roumaine –, des cinq Églises catholiques métropolitaines – byzantine, éthiopienne, érythréenne, slovaque et hongroise – et des sept Églises catholiques épiscopales – croate, macédonienne, russe, biélorusse, albanaise, italo-albanaise, hellène.
La nouvelle limite d’âge établie par le motu proprio correspond à celle qui est en vigueur dans le collège des cardinaux de l’Église latine depuis 1970, selon laquelle un cardinal âgé de plus de 80 ans ne peut pas participer à un conclave.
Le droit canonique demande aux évêques orientaux comme catholiques de présenter leur démission lorsqu’ils atteignent 75 ans. Dans le cas des orientaux, une lettre de renonciation doit être remise, au Patriarche s’il s’agit d’une Église dite «patriarcale», sinon au pape. Pour les latins, elle est systématiquement remise au pape. Dans tous les cas, il peut accepter ou retarder la retraite d’un évêque. (cath.ch/imedia/ak/cd/bh)
I.MEDIA
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