L’avocate de P. Orlandi relativise ses insinuations contre Jean Paul II

«Monsieur Orlandi n’avait pas l’intention d’accuser qui que ce soit», a assuré Laura Sgrò, l’avocate du frère d’Emanuela Orlandi, dans un communiqué diffusé le 14 avril 2023. Cette prise de position fait suite à la tempête médiatique provoquée par les déclarations de Pietro Orlandi, laissant entendre que Jean Paul II aurait pu jouer un rôle direct dans la disparition de sa sœur au centre de Rome il y a près de 40 ans, le 22 juin 1983.

Les huit heures d’audition de Pietro Orlandi par le promoteur de justice du Vatican, Alessandro Diddi, ce 11 avril, ont suscité un vaste engouement médiatique en Italie. Mais ce sont surtout ses déclarations fracassantes du soir même dans le talk-show télévisé ›Di Martedì› sur La7, qui ont provoqué la stupeur : le frère d’Emanuela Orlandi a évoqué le témoignage audio d’un mafieux, déposé au parquet du Vatican, dans lequel cet homme évoquait des sorties nocturnes de Jean Paul II avec deux ›Monsignori› polonais, durant lesquelles le pape «n’allait certainement pas bénir les maisons» : une façon d’insinuer que le pape pouvait lui-même s’adonner à l’exploitation de mineures.

Le cardinal polonais Stanislaw Dziwisz, archevêque émérite de Cracovie et ancien secrétaire de Jean Paul II, a vivement réagi en dénonçant « des accusations décousues, fausses du début à la fin, irréalistes, risibles à la limite du comique si elles n’étaient pas elles-mêmes tragiques, voire criminelles ».

Le Saint-Siège, après plusieurs jours d’attente, a fini par réagir le 14 avril par un article du directeur éditorial des Médias du Vatican, Andrea Tornielli, diffusé par le portail officiel Vatican News. Il dénonce dans ces accusations « une folie ». « Si ce massacre médiatique attriste et consterne, blessant le cœur de millions de croyants et de non-croyants, la diffamation doit être dénoncée, car il est indigne d’un pays civilisé de traiter ainsi une personne, vivante ou morte, qu’elle soit clerc ou laïque, pape, ouvrier métallurgiste ou jeune chômeur », écrit-il.

« Il est sacro-saint qu’il y ait une enquête complète pour rechercher la vérité sur la disparition d’Emanuela », reconnaît Andrea Tornielli. « Mais personne ne mérite d’être vilipendé de la sorte, sans même une once de preuve, sur la base des ›rumeurs’ d’un inconnu du monde criminel ou d’un commentaire anonyme sordide diffusé en direct à la télévision », martèle-t-il.

Des phrases extrapolées, selon l’avocate de Pietro Orlandi

« Je regrette que certains aient extrapolé quelques phrases en manipulant l’ensemble de ses déclarations », a réagi l’avocate Laura Sgrò, présente sur le plateau de télévision lors de ces révélations. Elle déplore le fait que parmi ceux qui accusent son client de « porter atteinte à la mémoire de ceux qui ne sont plus parmi nous » figurent des personnalités qui ont « toujours évité une confrontation authentique et sincère avec lui », malgré de nombreuses demandes d’entretien de sa part.

« La recherche de la vérité est un acte de courage, et le Saint-Père a montré qu’il voulait poursuivre ce chemin avec force. Il souhaite poursuivre cette voie avec vigueur. J’espère que cet acte extraordinaire mais nécessaire n’appartient pas seulement à Sa Sainteté », insiste Laura Sgrò, une avocate très médiatique qui connaît bien les arcanes du Vatican, puisqu’elle est agréée auprès de la Rote romaine, de la Cour d’appel de l’État de la Cité du Vatican et du Bureau du travail du Siège apostolique.

Laura Sgrò explique s’exprimer au nom de Pietro Orlandi en rappelant que son client a accueilli « avec des sentiments positifs » la volonté du pape François de donner au Promoteur de Justice, Alessandro Diddi, « la plus grande liberté d’action pour enquêter en toute liberté, sans condition d’aucune sorte et avec une ferme invitation à ne pas garder le silence sur la disparition d’Emanuela Orlandi ».

C’est donc en lien avec cette décision du pape François que Pietro Orlandi « a décidé de partager avec les enquêteurs toutes les informations en sa possession », explique son avocate. « Toutes, sans exception », insiste-elle, en précisant que son client veut transmettre tout ce qu’il sait à la justice vaticane, « même les faits les plus gênants, qu’il a appris au fil des années, laissant évidemment aux enquêteurs le soin de faire les évaluations nécessaires et les études approfondies pour vérifier la vérité ». (cath.ch/imedia/ak/mp)

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