Le Père James Connell, âgé de 80 ans, est retraité de l’archidiocèse de Milwaukee, après une carrière sacerdotale de pasteur en paroisse et de membre de la curie diocésaine. Avocat canonique, il défend depuis longtemps la cause des victimes d’abus sexuels commis par des prêtres, rapporte le site catholique The Pillar.
Le 12 mars dernier, il a publié une tribune dans le Delaware News Journal, dans laquelle il exprimait son soutien à un projet de loi de l’assemblée législative du Delaware qui supprimerait la protection juridique du secret de la confession en obligeant les prêtres à signaler toute connaissance ou suspicion d’abus ou de négligence à l’égard d’enfants qu’ils auraient recueillies dans le confessionnal.
Selon lui, rien ne peut justifier moralement le fait de protéger les auteurs d’abus ou de négligence envers les enfants de leur punition méritée, tout en mettant en danger de futures victimes potentielles.
L’Église catholique enseigne que le secret de la confession, qui interdit aux confesseurs de divulguer ou d’utiliser les informations obtenues pendant le sacrement, est «inviolable». Ce secret existe pour garantir que ceux qui souhaitent se repentir de leur péché soient libres de le faire, sans risque que leurs confessions puissent être utilisées contre eux par la suite.
Les confesseurs ne peuvent ainsi pas divulguer les informations apprises lors du sacrement, même avec la permission des pénitents. Une divulgation directe du contenu d’une confession entraîne la peine canonique de l’excommunication. Le secret de la confession sacramentelle est attesté au moins depuis le XIIe siècle.
Mais ces dernières années, à la suite d’importants scandales d’abus commis par des clercs, les législateurs de plusieurs États ont fait pression pour annuler les protections du droit civil pour ce secret. Pour les responsables de l’Église aux Etat-Unis, le secret de la confession est protégé par le premier amendement de la Constitution qui garantit la liberté religieuse. Ils rappellent en outre que des dizaines de prêtres ont été martyrisés ou persécutés dans l’histoire de l’Église pour avoir refusé de violer ce secret.
Pour l’archevêque de Milwaukee, Mgr Jerome Edward Listecki, les déclarations du Père Connell sur le sujet ont «provoqué un trouble compréhensible et généralisé au sein du peuple de Dieu, l’amenant à se demander si l’intimité du confessionnal peut désormais être violée, par lui ou par tout autre prêtre catholique».
En suggérant publiquement qu’il existe des situations où il est permis de violer le secret de la confession, les déclarations du Père Connell sont »gravement contraires aux enseignements définitifs de l’Église catholique sur ce sacrement». Ce qui justifie la sanction qui lui est imposée.
Le Père Connell, qui a servi comme vice-chancelier dans l’archidiocèse de Milwaukee, a fondé en 2013 une organisation appelée Catholic Whistleblowers, qui a exhorté le Saint-Siège à enquêter sur les allégations de dissimulation ou de négligence administrative contre les cardinaux Justin Rigali et Raymond Burke, et a critiqué l’archidiocèse de Milwaukee pour sa gestion des affaires d’abus.
Lorsque l’ancien archevêque de Milwaukee, Mgr Rembert Weakland, coupable d’abus sexuels, et de dissimulation d’abus, dans les années 1980, est décédé en août dernier, Connell s’était opposé aux funérailles publiques célébrées par Mgr Listecki à la cathédrale. Il avait déclaré que ces funérailles mettaient »du sel dans les blessures des victimes et des survivants d’abus sexuels commis par des membres du clergé».
Le Père Connell n’a pas répondu à la demande de commentaire de The Pillar concernant la sanction qui lui a été imposée. (cath.ch/thepillar/mp)
Maurice Page
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