«Près d’un millier de crimes de haine sectaires sont perpétrés chaque année; le récent attentat inexcusable qui a bouleversé la vie de l’inspecteur principal John Caldwell nous rappelle le chemin parcouru et celui que nous ne souhaitons pas emprunter à nouveau; la menace pour la sécurité est à nouveau jugée «grave»; les droits de l’homme et la dignité restent menacés par les intimidations et les punitions permanentes de type paramilitaire; trop de communautés restent barricadées les unes contre les autres derrière de prétendus «murs de la paix».»
Le primat irlandais n’a pas mâché ses mots. Dans un discours prononcé à l’Université Queen’s de Belfast, à l’occasion d’une conférence intitulée Living the Agreement – Legacy Matters (Vivre l’accord – l’héritage compte), il a souligné la nécessité d’un processus de rétablissement de la vérité pour assurer une paix durable en Irlande du Nord, relate le site de la Conférence des évêques d’Irlande.
Mgr Martin a aussi dénoncé «le scandale» de la violence entre chrétiens qui laissent «libre cours au sectarisme, à la bigoterie, à la haine». Il les a appelés, à la suite de saint Paul et en tant «qu’ambassadeurs du Christ chargés de l’œuvre et du ministère de la réconciliation», à aller au-delà d’eux-mêmes «vers l’autre et à faire des sacrifices pour la paix, l’harmonie, le pardon et la guérison».
Il est évident, a-t-il poursuivi, «que nous ne parviendrons pas à surmonter seuls les siècles de haine et de méfiance sectaires qui ont débouché sur la violence à tant d’occasions. Les chrétiens doivent avoir l’humilité de reconnaître leurs limites et de s’ouvrir à l’inspiration de l’Esprit saint.»
La guerre d’indépendance irlandaise a laissé de nombreux stigmates encore vivaces. «Il y a des gens de tous les côtés qui portent des secrets, des souvenirs de leur propre implication dans la mort ou les blessures de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants», a déclaré Mgr Eamon Martin. «Dans certains cas, ils ont appuyé sur la gâchette, posé la bombe, suivi les ordres ou donné l’ordre de justice sommaire, de mort ou de châtiment. Dans d’autres cas, ils ont volontairement conduit une voiture, surveillé, semé la peur, collecté de l’argent ou des informations, abrité des auteurs, (…) forcé des aveux ou dissimulé, détruit des preuves ou intimidé des témoins.»
L’archevêque d’Armagh a appelé chacun à faire circuler la parole. «Tellement de gens savent dans leur cœur que la vérité et les informations qu’ils ont enfermées en eux sont capables de libérer une autre personne, de libérer l’incertitude et le chagrin des familles.» Un processus efficace de retour à la vérité «peut également permettre à ceux qui ont participé à un conflit violent de trouver leur propre guérison intérieure et de quitter ce monde dans une plus grande paix», a-t-il encore insisté. (cath.ch/com./lb)
Lucienne Bittar
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/des-fondations-de-paix-fragiles-25-ans-apres-laccord-de-belfast/