Âgé de 61 ans, diplômé en ingénierie architecturale de l’Université de Khartoum, Anthony Surur Sebit était très actif dans la construction d’églises à Khartoum et au Soudan du Sud. Ingénieur mais aussi artiste, il a conçu de nombreuses statues pour les séminaires du pays, ainsi que les sculptures utilisées lors de du voyage œcuménique du pape au Soudan du Sud, a rapporté l’agence Fides. Parmi elles, la statue de la Vierge exposée près de l’autel lors de la messe célébrée le 5 février 2023 par le pape à Djouba, au mausolée John Garang.
Selon le Catholic Radio Network, Anthony Surur Sebit a été abattu par un assassin non identifié, alors qu’il faisait son jogging quotidien dans une rue de la capitale sud-soudanaise.
Père de quatre garçons et de cinq filles, il était le pilier de la famille, ont décrit ses proches, et il s’efforçait toujours de résoudre les problèmes et d’unir les gens. Pour Mgr Santo Laku Pio Dogale, évêque auxiliaire de Djouba, Anthony Surur était même «une icône de la paix» pour le pays, travaillant sans cesse au rassemblement.
L’évêque auxiliaire a condamné les «meurtres barbares» de civils innocents par des hommes armés qui restent souvent impunis et a appelé les autorités à garantir la sécurité des citoyens: «Si vous voulez une paix totale, travaillez pour la justice, protégez la vie des civils!»
Le Soudan du Sud avait sombré dans la guerre civile juste après son indépendance de 2011. Malgré le nouvel accord de paix signé en 2018, la situation sécuritaire reste mauvaise dans le pays, notamment en raison de la compromission des forces censées la garantir. Le directeur de la police nationale a déclaré que pas moins de 110 policiers, dont certains officiers, ont été arrêtés entre 2020 et 2022 pour des crimes sexuels.
Cependant leurs auteurs restent souvent impunis, peut-on lire dans un rapport d’un groupe d’experts indépendants des Nations Unies, rendu public le 3 avril 2023. «Sur plusieurs années, nos conclusions ont constamment montré que l’impunité pour les crimes graves est un moteur central de la violence et de la misère auxquelles sont confrontés les civils au Soudan du Sud», a déclaré Yasmin Sooka, présidente de la commission d’enquête dans un communiqué. Plusieurs responsables sud-soudanais, dont un gouverneur de l’État d’Unity, ont commis de graves violations des droits de l’homme et devaient être traduits en justice. Mais aucune des enquêtes annoncées par la capitale n’a abouti «à une quelconque forme de responsabilité» et les responsables militaires et gouvernementaux impliqués dans les exactions «restent en postes», déplorent les experts onusiens.
«Nous appelons les autorités à mener des enquêtes appropriées sur les auteurs présumés de crimes graves, quel que soit leur rang ou leur fonction, et à mettre en place et à renforcer les mécanismes judiciaires permettant de les tenir pour responsables», a déclaré Andrew Clapham, l’un des trois membres de la Commission. (cath.ch/fides/vn/lb)
Lucienne Bittar
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