Dans la nuit où l’Église commémore la résurrection du Christ après sa mort sur la croix, le pape a invité chacun à revenir à « son propre lieu de résurrection intérieure ».
Le pontife de 86 ans, hospitalisé trois jours la semaine dernière pour une bronchite, et que le froid a contraint à annuler sa participation au Chemin de croix du Colisée la veille, est arrivé aux alentours de 19h30 en fauteuil roulant dans l’atrium de la basilique Saint-Pierre plongée dans l’obscurité, toutes lumières éteintes.
Comme le veut le rituel, le pape a béni le feu puis allumé le cierge pascal, qui a été porté en procession par un diacre tout le long de l’allée centrale. Les quelque 8.000 fidèles présents ont allumé leurs bougies au fur et à mesure de son passage, tandis que les lumières scintillantes se propageant parmi les rangs. Le pape ayant rejoint son siège à droite de l’autel, la liturgie s’est poursuivie avec le traditionnel chant de l’Exsultet, et les lectures en français, portugais, espagnol, anglais, et italien.
Dans son homélie, le pape s’est adressé à ceux qui sont « rongés par le chagrin, opprimés par la tristesse, humiliés par le péché, aigris par un échec ou assaillis par des soucis », dans un monde où « les lois du plus malin et du plus forts semblent toujours prévaloir ». Il s’est tourné vers ceux qui se sentent « impuissants et découragés face à la puissance du mal, aux conflits qui déchirent les relations, aux logiques du calcul et de l’indifférence qui semblent gouverner la société, au cancer de la corruption, à la propagation de l’injustice, aux vents glacés de la guerre ».
Le pape a aussi évoqué ceux qui restent « immobiles à pleurer et à regretter, seuls et impuissants à [se] répéter [leurs] ›pourquoi’ » et autres expressions de découragement qu’il a formulées ainsi : « il n’y a plus rien à faire », « les choses ne changeront jamais », « mieux vaut vivre au jour le jour parce que du lendemain, il n’y a pas de certitude ».
Face à ces réalités, a assuré l’évêque de Rome, la fête de Pâques « nous pousse à avancer, à sortir du sentiment de défaite, […] à regarder l’avenir avec confiance, parce que le Christ est ressuscité et a changé le cours de l’histoire ». Mais pour marcher vers l’avenir, il faut revenir « à la grâce originelle », c’est-à-dire « là où notre histoire d’amour avec Jésus a commencé », a assuré le pontife.
Le pape a alors exhorté le chrétien à « revivre ce moment, cette situation, cette expérience dans laquelle nous avons rencontré le Seigneur », en retrouvant non pas « un Jésus abstrait, idéal », mais « la mémoire vivante, concrète, palpitante de notre première rencontre avec Lui », d’une expérience du « Dieu proche, qui te connaît plus que tout autre et qui t’aime plus que n’importe qui ».
Cette rencontre originelle peut avoir plusieurs formes, a expliqué le pontife, citant « cette Parole de Dieu qui t’a parlé à un moment précis », la « joie du pardon ressentie après cette confession », ou encore un pèlerinage. Et de recommander : « Reconstruis-en le contexte, l’époque et le lieu, éprouves-en de nouveau l’émotion et les sensations, revis-en les couleurs et les saveurs ».
« Souviens-toi et marche », a martelé le successeur de Pierre dans sa méditation. Il a ensuite poursuivi la liturgie en baptisant – assis sur son siège – huit personnes adultes, trois originaires d’Albanie, deux des États-Unis, et les autres du Nigeria, d’Italie et du Venezuela. (cath.ch/imedia/ak/mp)
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