Au terme d’une audience plutôt calme, le promoteur de justice Alessandro Diddi a réveillé l’assistance en annonçant au dernier moment que, « sur la base de ce qui est apparu au cours du procès », il ajoutait aux accusés Rafaelle Mincione, Enrico Crasso et Gianluigi Torzi le chef d’accusation de corruption, et à Fabrizio Tirabassi et Enrico Crasso celui de blanchiment d’argent (« autoriciclaggio »).
« Cela résulte à la fois d’une activité d’enquête et de deux nouveaux rapports que le corps de la gendarmerie a préparés concernant l’affaire Aspigam et l’affaire des pièces », a expliqué le promoteur.
La première affaire concerne des sommes d’argent apparemment envoyées par Raffaele Mincione à Enrico Crasso par l’intermédiaire d’une société nommée Aspigam International. La deuxième affaire concerne des éléments à propos de l’activité numismatique de la famille de Fabrizio Tirabassi, déjà mentionnée à plusieurs reprises dans ce procès.
Alessandro Diddi a aussi déclaré que d’autres charges avaient été « corrigées », sans spécifier lesquelles. Il a ensuite annoncé déposer un nouveau dossier aux actes du procès concernant ces nouvelles charges.
L’audience du jour a été principalement consacrée à la seconde partie du témoignage de l’architecte Luciano Capaldo, qui avait déjà été reçu dans la salle polyfonctionnelle des musées du Vatican le 23 novembre dernier.
Le témoin a notamment reconnu avoir surveillé les bureaux de Gianluigi Torzi à Londres, avec lequel il avait travaillé dans le passé, via une application sur son téléphone. Il a affirmé que ce service lui avait été demandé « pour le compte du substitut de la Secrétairerie d’État, Mgr Edgar Peña Parra ». Cet épisode avait été évoqué par le substitut lors de l’audience du 17 mars dernier.
L’architecte a dit son admiration pour Mgr Peña Parra, le décrivant comme « une personne très estimée pour laquelle je me ferais tuer ». L’avocat de Gianluigi Torzi, Marco Franco, l’a alors accusé d’avoir « commis un crime », avant d’être repris par un juge Giuseppe Pignatone très mécontent.
Luciano Capaldo a aussi rapporté avoir assisté à une réunion en février ou mars 2019 lors de laquelle Mgr Alberto Perlasca plaidait en faveur d’une action judiciaire contre Gianluigi Torzi. Le substitut avait alors fortement exclu cette option, au point que Mgr Perlasca, en charge des finances de la secrétairerie d’État et aujourd’hui témoin principal du procès, s’est mis à pleurer en déclarant : « J’ai fait une erreur, mais j’ai agi de bonne foi ». C’est en effet lui qui avait signé l’accord donnant le contrôle de l’immeuble de Londres à Gianluigi Torzi en novembre 2018.
L’audience du 30 mars est annulée. La prochaine audience est prévue le 19 avril, avec l’audition de deux témoins du cardinal Becciu, Don Mario Curzu, directeur de la Caritas d’Ozieri en Sardaigne, et d’Antonino Becciu. Le juge Pignatone a insisté pour qu’ils soient présents, les deux hommes ayant affirmé ne plus vouloir témoigner après avoir appris qu’ils étaient sous le coup d’une enquête menée par la justice italienne concernant la gestion des fonds de solidarité du diocèse d’Ozieri. (cath.ch/imedia/ic/cd/mp)
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