«Cette idée de faire ce chemin de plus de 1000 kilomètres était un défi important», a expliqué Claudio Rossetti en rencontrant les journalistes à la caserne de la Garde Suisse, point d’arrivée de la Via Francigena. Le Tessinois de 60 ans, impliqué dans la vie culturelle suisse, a vécu de nombreuses autres aventures, comme le marathon de Venise ou encore l’organisation d’une conférence de presse sur le mont Kilimandjaro. Malgré une météo clémente en ce mois de mars, cette longue marche a représenté un grand défi physique pour Claudio Rossetti et pour son chien, visiblement fatigué après cet effort.
L’ambassadeur de Suisse près le Saint-Siège, Denis Knobel, a salué avec humour dans le chien Magnum un autre «ambassadeur» de la vocation sociale et humanitaire de la Suisse, appelée, en raison de sa position géographique, à accompagner les pèlerins et marcheurs dans leur traversée des Alpes.
«J’ai pris cette décision de revenir par la marche après une rencontre avec le pape François en 2016», dans le cadre du projet d’inscription du saint-bernard au patrimoine de l’Unesco en tant que chien de sauvetage, explique Claudio Rossetti à I.Média. «Le Saint-Père avait demandé où était le tonneau du chien saint-bernard. Je lui ai promis de lui en ramener un à pied!», confie l’aventurier suisse, qui précise que le pape a été ravi de se voir finalement offrir, sept ans plus tard, ce petit tonneau traditionnellement attaché à ce chien.
«Au début, je ne savais pas comment faire ce chemin, ni combien de temps cela prendrait», précise-t-il. Le choix a été de suivre la Via Francigena en plusieurs étapes, année après année, sur un total de 12 semaines. «Pour cette dernière étape, nous avons parcouru 75 kilomètres depuis une localité proche de Viterbe», précise-t-il.
«Le projet était de marcher tout seul avec le chien, mais c’est facile de rencontrer des gens, c’est un chien qui crée du lien», explique Claudio Rossetti, qui a été de 2015 à 2021 le directeur de la Fondation Barry. Cette association créée en 2005 s’est inscrite dans la continuité du travail d’assistance mené par les chiens de l’hospice du Grand Saint-Bernard, en développant une dimension de «chien social» ou de «chien de thérapie».
«Presque chaque jour, une équipe composée d’un chien et d’un accompagnateur s’occupe de visiter des hôpitaux, des écoles, des maisons de retraite», raconte-t-il, précisant que la Fondation dispose au total d’une trentaine de chiens. Les chiens saint-bernard contribuent ainsi au lien entre les personnes vivant dans des localités parfois isolées, et rapprochent aussi la Suisse et l’Italie qui partagent cette frontière enneigée la majeure partie de l’année.
«Le chien saint-bernard est à l’origine un molosse tibétain, domestiqué par les chanoines comme chien de secours pour porter assistance aux pèlerins en difficulté dans la traversée du col, particulièrement en cas d’avalanches», explique Corrado Jordan, ancien maire de Saint-Rhémy-des-Bosses, une localité italienne mais francophone d’environ 400 habitants, située dans le Val d’Aoste, à la frontière avec la Suisse.
Il se souvient de la discrète visite de Benoît XVI dans la région, le 18 juillet 2006, durant laquelle le pape allemand, dont l’affection pour les animaux était bien connue, avait pu caresser quelques chiens saint-bernard en visitant l’hospice du Grand-Saint-Bernard. «La police italienne avait dû s’arrêter à la frontière», précise Corrado Jordan.
L’Hospice du Grand-Saint-Bernard se trouve sur le territoire suisse, mais le Val d’Aoste est lié à cette communauté religieuse, qui a aussi fourni des prêtres à certaines paroisses situées en territoire italien.
L’élu voit dans ces chiens saint-bernard des symboles de la «solidarité et du lien social» qui rythment la vie de cette région transfrontalière, dans laquelle un esprit d’hospitalité s’est toujours maintenu, «même pendant les guerres», insiste-t-il.
Les difficultés rencontrées par les troupes napoléoniennes dans la traversée des Alpes en 1800 ont ainsi contribué à populariser le saint-bernard, les récits de sauvetage des soldats par ces chiens encore peu connus ayant circulé dans la population française. Dans les années 1990, le film Beethoven a également contribué à donner au saint-bernard une grande visibilité dans la culture populaire, le transformant en chien de famille protecteur et attachant. (cath.ch/imedia/cv/bh)
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