«Lorsque les religieuses catholiques prononcent leurs vœux, elles se retrouvent ‘mariées’ au pape», affirme un orateur non-identifié dans la vidéo publiée le 19 mars par l’organisation Vishwa Hindu Parishad (Conseil mondial hindou). L’orateur demande ensuite à une foule visible dans la vidéo: «Qui commet l’adultère, le pape ou le seigneur hindou Krishna?». Et la foule de crier: «Le pape!». «On dit que celui qui commet l’adultère n’a pas le droit de vivre sur terre», continue le prédicateur. «Combien de temps allez-vous tolérer cela?», demande-t-il, avant de soutenir que «(…) le deuxième objectif est donc d’éliminer les chrétiens».
La vidéo cible en particulier un centre de retraite catholique, fondé en 1969 dans le village de Kadi, au nord de la ville d’Ahmedabad, rapporte le site catholique américain Crux. L’orateur hindouiste demande finalement que les prêtres soient chassés de cet endroit.
Mgr Thomas Ignatius Macwan, archevêque catholique de Gandhingar, dans le Gujarat, a réagi en écrivant une lettre au gouverneur de l’État. Il y souligne que ses fidèles ont été «très blessés et perturbés» par le langage «odieux et honteux» de la vidéo. L’orateur de la vidéo, écrit Mgr Macwan, «jette l’opprobre sur l’intégrité des religieuses et des prêtres qui ont rendu de grands services à l’humanité sans distinction de caste, de croyance ou de religion». L’évêque exhorte les autorités du Gujarat à arrêter les auteurs de la vidéo et à les inculper pour incitation à la haine.
«La communauté chrétienne de l’État du Gujarat se sent extrêmement insécurisée par la multiplication des attaques, des violences, des intimidations physiques et des discours de haine au vitriol à l’encontre de notre communauté et de son personnel par un certain nombre d’organisations communautaires et d’éléments antisociaux», poursuit le responsable catholique.
Des actes qui seraient de nature «systématique, consciente et délibérée», commis avec le soutien tacite des chefs politiques locaux et des idéologues hindouistes. L’évêque précise que, malgré cela, «la grande majorité de nos frères hindous apprécient et soutiennent le travail de l’Église dans le domaine de l’éducation, des soins de santé et des services sociaux».
Une augmentation de la persécution des chrétiens a été enregistrée dans plusieurs autres Etats indiens, ces dernières années, notamment dans l’Etat central du Chhattisgarh, où les chrétiens se plaignent d’être devenus des «réfugiés dans leur propre pays». Les éléments extrémistes hindous extrémistes sont en général beaucoup plus actifs depuis l’arrivée au pouvoir du nationaliste Narendra Modi, en 2014. (cath.ch/crux/arch/rz)
Raphaël Zbinden
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