Vice-président de la Conférence des évêques d’Allemagne (DBK), Mgr Franz Joseph, âgé de 72 ans, a remis sa démission au pape François, trois ans avant la date de sa retraite canonique.
Le 20 septembre 2022, un rapport sur le diocèse d’Osnabrück remettait en cause le prélat allemand dans sa gestion de cas d’abus commis par des clercs dans son diocèse. L’affaire n’était pas nouvelle puisque l’évêque avait publiquement reconnu ses torts en 2010, célébrant même à l’époque une messe de pénitence.
Le rapport de 2022 a reconnu les efforts effectués par Mgr Bode dans le traitement des prêtres accusés depuis lors, mais a aussi déploré de graves lacunes en termes de communication et de réparations, ainsi qu’une application imparfaite des procédures vaticanes de Vos estis lux mundi. Si l’évêque avait reconnu sa responsabilité, il avait par contre refusé dans un premier temps de démissionner, affirmant ne pas vouloir retarder la mise en place de nouvelles structures pour lutter contre les abus. Il est donc revenu sur sa décision.
«La décision de démissionner a mûri en moi au cours des derniers mois», a confié Mgr Bode dans un communiqué publié ce 25 mars pour expliquer son choix. Il y souligne ses propres erreurs, demande pardon aux personnes concernées et assure que le processus diocésain de protection contre les violences sexuelles a «été considérablement renforcé».
Alors qu’il avait précédemment refusé les demandes de renonciation des cardinaux Reinhard Marx, archevêque de Munich, et Rainer Maria Woelki, archevêque de Cologne, pour des situations similaires, le pape François a accepté cette fois la renonciation de Mgr Bode. À noter cependant que François n’a toujours pas répondu à la seconde lettre de renonciation remise en mars 2022 par Mgr Woelki, un des rares objecteurs du chemin synodal au sein de l’épiscopat allemand.
Plus vieil évêque allemand en exercice (depuis 1991), Mgr Bode est au contraire un des prélats les plus engagés en faveur des évolutions demandées par le Synodale Weg, processus à l’origine de tensions entre les évêques outre-Rhin et Rome. Il a été d’ailleurs le premier à mettre en place, dans son diocèse d’Osnabrück, plusieurs mesures concrètes votées lors de la dernière session du chemin synodal du 9 au 11 mars 2023 à Francfort.
Le 14 mars dernier, il a autorisé les bénédictions pour les «couples qui s’aiment», c’est-à-dire pour les couples de personnes homosexuelles ou de divorcés-remariés, en expliquant qu’elles étaient de toute façon déjà célébrées depuis longtemps dans certaines paroisses de son diocèse. Ces bénédictions ont été clairement interdites par le Saint-Siège en février 2021.
Mgr Bode a aussi ouvert un bureau de pastorale pour les personnes LGBT. Il a enfin annoncé qu’il comptait autoriser très prochainement des laïcs (hommes et femmes) à prêcher ou à être employés à temps plein pour célébrer des baptêmes d’enfants.
Lors d’une conférence de presse organisée après la conclusion de la session finale du chemin synodal, il a confié avoir des «sentiments partagés» après l’adoption du texte demandant à Rome d’examiner la question du diaconat féminin, laissant entendre qu’il considérait que le texte n’allait pas assez loin. Il s’est aussi clairement prononcé en faveur de l’ordination des hommes mariés dans le passé.
Après l’annonce de sa renonciation, le président de la DBK, Mgr Georg Batzing, a exprimé son «regret» et son «respect» dans un communiqué. Il a déclaré perdre, avec Mgr Bode, son «plus proche compagnon de route sur le chemin synodal». (cath.ch/imedia/lb)
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