Les silhouettes des premiers cyclistes débouchent de la gauche en provenance du Bouveret. La tête du groupe glisse tranquillement sur la route qui relie Vouvry à Muraz, avant de bifurquer à La Rochette, la maison qui abritait la communauté de Cana-Myriam. Une scène que n’aurait pas renié Sempé. La queue du peloton entre sur la propriété quand les premiers ont déjà posé leur vélo.
Une trentaine de jeunes ont bravé la pluie intermittente pour cette première des trois journées test du pélé-vélo qui les mènera au Portugal cet été. Emmenés par le chanoine du Grand-Saint-Bernard Simon Roduit, ils font étape pour la pause sandwich. Ils sont partis d’Aigle et ont fait un crochet au Bouveret. Ils prendront ensuite la direction de Martigny, terme du parcours. «La distance de 66 km correspond à peu près à chacune des huit étapes que nous avons prévues, entre 60 et 70 km», indique le jeune chanoine. «Bienvenue aux novices du vélo», peut-on lire sur le flyer. «Il n’y a pas de difficultés particulières, c’est accessible à tous», confirme Simon Roduit.
Sauf contre-temps, ils seront 40 au départ de Saint-Jacques de Compostelle, le 24 juillet, pour rallier Lisbonne le 1er août. Le peloton de pèlerins s’arrêtera deux jours à Braga, pour retrouver les autres jeunes, et fera étape à Fatima. Un périple de 538 km les attend.
«En fait, nous sommes un sous-groupe des Romands qui vont aller à Lisbonne», explique le chanoine. Après le covid , nous avons envisagé ce challenge liant sport et foi qui pouvait motiver des jeunes à partir au rassemblement du Portugal. «Le groupe est complet», ajoute-t-il. Quelque 400 jeunes ont déjà pris leur billet pour Lisbonne. C’est encourageant.
Parmi les cyclistes pèlerins qui forment une grande tablée, se trouve Armand, 21 ans. Il part avec son frère et sa sœur. La fratrie va vivre ses premières JMJ. «St-Jacques et Fatima sont des lieux très porteurs en termes de foi et le vélo est un moyen plus écologique de se mettre en chemin.» Tenter cette expérience de foi vécue collectivement le motive aussi. Le défi est présent, mais la foi est au cœur de cette aventure, insiste-t-il.
«Le pèlerinage, ça me parle», sourit Laurine qui a marché de Martigny à Rome. Elle avoue une certaine appréhension: «Cela va m’éprouver, physiquement et dans ma foi. Mais j’aime ça.» Ce challenge spirituel et physique la motive aussi «parce que ce n’est pas juste aller là-bas en avion».
Tout comme Marguerite, pour qui la foi compte beaucoup dans cette aventure, mais qui se réjouit de relever le défi physique que représentent les 70 km quotidiens à rouler. Et elle sait qu’elle peut compter sur ses amies en cas de coup de mou.
Cette première journée constituait un bon moyen de faire plus ample connaissance, de tester le matériel, l’endurance physique pour envisager éventuellement quelques journées d’entraînement supplémentaires, rappelle Simon Roduit. Il recommande d’installer deux porte-gourde sur le vélo, «de manière à avoir au moins 1,5 l d’eau avec vous». La perspective de rouler entre juillet et août au Portugal en inquiète plus d’un. On redoute les fortes chaleurs. Une camionnette accompagnera le peloton, la logistique est prévue, mais «on ne peut pas tout maîtriser».
Les préoccupations terre à terre ne sont pas négligées: il faudra penser à bien s’équiper, notamment avec des shorts rembourrés. «J’ai déjà mal aux fesses», lance une participante; 70 km à pédaler sur une selle c’est long. «Gonflez toujours bien vos pneus», avise un jeune, cela réduit les risques de crevaison par pincement de la chambre à air. Un autre donne des conseils pour boucler le budget du pélé-vélo par la vente de gâteaux. Simon Roduit propose d’acquérir des bouteilles de bière de la réserve de la Maison du Grand-Saint-Bernard à petit prix, afin d’en tirer un bénéfice à la revente.
L’idée de ce pélé-vélo n’est pas nouvelle, raconte Joseph Voutaz, l’autre chanoine qui accompagnera le groupe. «Les parents de certains de ces jeunes ont initié l’expérience lors des JMJ de Paris, en 1997. J’en étais. Nous avions roulé de Dijon à Paris.» Ce fut aussi le cas pour le rassemblement de Rome, en 2000, où un groupe descendit du Simplon jusqu’à Vérone. «Cette aventure va me donner un bon coup de jeune», sourit le religieux presque quinquagénaire qui pratique le vélo de montagne.
Après un moment passé à la chapelle, les jeunes reprennent la route par petits groupes. But du parcours: Martigny. Une première étape sur la route de Lisbonne. (cath.ch/bh)
Bernard Hallet
Portail catholique suisse
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