Le Nigeria est une fédération de 36 Etats, qui sont semi-autonomes. Chaque Etat est dirigé par un gouverneur, élu pour un mandat de trois ans.
L’abbé Hyacinth Alia qui se présentait sous la bannière du Congrès de tous les progressistes (All progressives congress APC), a remporté largement le scrutin, par 62% des voix. Son suivant immédiat Titus Uba, a obtenu 29% des suffrages.
L’abbé Alia est le deuxième religieux catholique à être porté à la tête de l’Etat de Benue, en tant que gouverneur, depuis sa création en 1976. En 1992, l’abbé Moses Orshio Adasu avait élu gouverneur de cet Etat de 4,5 millions d’habitants. Mais à la suite d’un coup d’Etat en 1993, il avait été démis de ses fonctions et remplacé par un militaire.
Selon Radio France internationale, l’Eglise catholique est très implantée dans l’Etat Benue, où elle s’investit auprès d’agriculteurs locaux qui ont abandonné leur terre par crainte des attaques de bergers peulhs. Elle gère de nombreux camps de déplacés, créés au fort de la crise des années 2000, après l’instruction de la charia (loi islamique) dans 12 Etats du Nigeria à majorité musulmane.
La candidature de l’abbé Hyacinth Alia avait suscité diverses réactions, tant de l’Eglise catholique que de ses adversaires politiques. Son diocèse l’a suspendu, du fait de son engagement politique. En mai 2022, son êvêque, Mgr Mgr William Amove Avenya, lui avait signalé que selon l’article 285, 3 du code de droit canon, l’Eglise ne permet pas à ses clercs de remplir des charges publiques qui comportent une participation à l’exercice du pouvoir civil.
Les responsables de la campagne du prêtre ont relevé que le Père Hyacinthe est seulement suspendu de la célébration des messes publiques, mais il reste un prêtre de l’Église catholique pour toujours. Après la fin de son mandat dans la fonction publique, il reprendra ses messes publiques et son ministère.Lui-même avait déclaré être pleinement conscient du sacrifice qu’il allait faire dans le but de «sauver le peuple de Benue des chaînes de la mauvaise administration».
En outre, en février, l’un de ses adversaires, le professeur Terhemba Shija, ancien procureur général de la Fédération (AGF), avait saisi la justice pour invalider sa candidature, invoquant des allégations de « corruption » et « d’irrégularité » pendant les primaires, qu’il avait remporté. L’enseignant avocat a été ébouté. (cath.ch/ibc/mp)
Ibrahima Cisse
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