L’examen du procureur a notamment porté sur la question de savoir si, en tant que responsable ecclésiastique, Joseph Ratzinger avait pu, par une décision personnelle, apporter une contribution à un acte d’abus commis ultérieurement par un prêtre et qui n’était pas encore prescrit. Aucun acte important susceptible d’être considéré comme une contribution n’a pu être prouvé, en outre si tel avait été le cas, il n’aurait pas pu être poursuivi en raison de la prescription. L’enquête a donc été classée sans suite, a indiqué le parquet munichois le 21 mars 2023.
Outre l’ancien pape, deux autres responsables du personnel ecclésiastique vivants étaient prévenus: l’ancien archevêque de Munich, le cardinal Friedrich Wetter, et l’ancien vicaire général de Munich, l’évêque auxiliaire Gerhard Gruber. «Les enquêtes n’ont pas révélé de soupçons suffisants d’actes punissables de la part des responsables du personnel». Raison pour laquelle les procédures ont été classées.
L’attention du procureur s’est portée en particulier sur le «cas 26» du rapport d’expertise sur les abus pour l’archidiocèse de Munich et Freising concernant un clerc condamné en 1962. L’enquête avait révélé le soupçon de deux délits non encore prescrits. Mais il n’a pas été possible d’établir que le cardinal Wetter était au courant des accusations d’abus et qu’il a laissé le prêtre concerné en fonction. Quant à Mgr Gruber, le procureur n’a pas pu constater qu’il ait contribué intentionnellement aux abus.
Dans le cadre du «cas 26», l’archevêché de Munich a été perquisitionnés en février, a confirmé le parquet. Sur la base de témoignages, on a recherché une armoire contenant des documents explosifs. La perquisition a révélé que la dite armoire avait déjà été liquidée en 2011 et que les documents qu’elle contenait avaient été versés aux dossiers personnels.
Sur la base du rapport d’expertise sur les abus pour l’archidiocèse de Munich et Freising présenté en janvier 2022, le ministère public a examiné 45 cas. Le rapport a recensé 235 auteurs présumés de 1945 à 2019, dont 173 prêtres. Le nombre de victimes est de 497, mais la zone d’ombre serait probablement bien plus importante. De l’avis des chercheurs, 67 clercs auraient mérité une sanction de droit canonique en raison de la «forte densité de soupçons». Dans 43 cas, aucune sanction n’a cependant été prononcée. 40 d’entre eux auraient continué à exercer le ministère pastoral, dont 18 condamnés pénalement.
L’expertise estimait que Joseph Ratzinger aurait eu un comportement fautif dans quatre cas en tant qu’archevêque de Munich entre 1977 et 1982. Le cardinal Wetter aurait fait preuve de négligence dans 21 cas au cours de son mandat de plus de 25 ans de 1982 à 2008
Dans sa réaction, l’archevêché de Munich et Freising a souligné sa «volonté absolue d’élucider» les abus sexuels et a assuré qu’il continuerait à coopérer et à soutenir sans réserve toute enquête de l’État. L’archevêché a en outre appelé les personnes concernées et tous ceux qui auraient des indices d’abus à se manifester.
Le porte-parole du conseil des victimes de l’archidiocèse de Munich et Freising, Richard Kick, s’est dit un peu déçu par le résultat de l’enquête. Il aurait été positif pour toutes les victimes que les personnes n’ont pas fait le nécessaire à l’époque en soit tenues responsables.
Richard Kick a rappelé que le ministère public n’était intervenu qu’après la deuxième expertise sur les abus commandée par l’archidiocèse de Munich et Freising. Si les autorités judiciaires avaient ouvert une procédure dès 2010, date d’une première enquête, la situation aurait été probablement différente. (cath.ch/kna/mp)
Maurice Page
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