Les prêtres jésuites Paul Gabor, David Brown et Chris Corbally ont participé à cette étude portant sur la lumière des étoiles, analysée avec des techniques très avancées de spectroscopie, qui permettent de révéler certaines de leurs propriétés physiques comme la température, la pression, le mouvement ou encore la composition chimique. «Les télescopes captent la lumière des étoiles et les spectrographes la décomposent par longueur d’onde en un spectre semblable à un arc-en-ciel, qui représente ›l’empreinte digitale’ de la lumière de l’étoile», explique le communiqué.
L’étude a permis de faire évoluer les modèles théoriques en mettant en lumière des étoiles qui peuvent présenter une «histoire surprenante pour les astronomes». Parmi les hypothèses émises figure l’idée que «la quantité de différents éléments chimiques présents dans une étoile pouvait indiquer la présence de planètes terrestres (des mondes rocheux comme la Terre ou Mars), suggérer l’âge de ces planètes et même fournir des indices permettant de savoir si l’étoile a ›mangé’ certaines de ses planètes», précise le texte.
Sur les plus de 5000 exoplanètes confirmées (planètes situées en dehors de notre système solaire), 75 % ont été découvertes depuis l’espace en observant la lumière des étoiles qui diminue lorsque les planètes passent devant elles. La même méthodologie a été employée par un satellite de la NASA.
Deux télescopes installés en Arizona ont permis de mener ces recherches sur la lumière des étoiles, en lien avec un autre télescope localisé dans les Canaries, à Tenerife, et avec un instrument polarimétrique et spectroscopique situé à Postdam, en Allemagne. Les résultats donnent des informations d’une précision inédite, remarquée notamment par la chercheuse Martina Baratella: «Les rapports d’abondance tels que carbone/fer ou magnésium/oxygène suggèrent l’existence et l’âge de planètes rocheuses autrement inconnues», souligne-t-elle, citée dans le communiqué.
«Auguste Comte, le fondateur du positivisme français, a écrit un jour que nous ne saurions jamais de quoi les étoiles étaient faites. Il était loin de se douter que la lumière des étoiles portait en elle des ’empreintes digitales’ capables de nous en apprendre beaucoup», ironise Paul Gabor. Le jésuite américain, vice-directeur de l’Observatoire du Vatican, situe aussi sa recherche sur un plan théologique. Il voit dans sa recherche sur les étoiles «un parallèle avec ce que la révélation biblique nous dit sur la façon dont Dieu veut être connu».
L’Observatoire du Vatican, formellement institué par le pape Léon XIII en 1891, est issu des observatoires soutenus par le Saint-Siège dès 1578, dans la perspective alors des calculs astronomiques demandés par le pape Grégoire XIII afin de réformer le calendrier. Ces travaux aboutirent à un saut de 11 jours dans le calendrier utilisé en Occident, ce qui valut à sainte Thérèse d’Ávila de décéder dans la nuit… du 4 au 15 octobre 1582!
D’abord installé dans les jardins du Vatican, l’Observatoire fut transféré à Castel Gandolfo, en 1935, afin d’échapper à la pollution lumineuse de la capitale italienne. Depuis 1981, c’est à partir d’un télescope situé dans le désert de l’Arizona que les astronomes du Vatican mènent leurs recherches, mais le siège de l’institution, confiée aux jésuites, se trouve toujours à Castel Gandolfo. Il abrite notamment une prestigieuse bibliothèque incluant les premières éditions d’ouvrages de Galilée, Copernic ou encore Newton. (cath.ch/imedia/cv/bh)
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