«Un short TikTok avec des montagnes – et avec les belles montagnes que vous avez en Suisse! -, un filtre un peu vintage, un coucher de soleil et un petit message pour rendre grâce à Dieu. Ça prend trois minutes et il n’y a pas besoin de faire sept ans de théologie pour cela. Elle commence là l’évangélisation!» lance le frère Paul-Adrien aux 400 personnes déjà présentes à Fully (VS) vers 17h.
Le dominicain français très actif sur les réseaux sociaux, TikTok et Instagram notamment, et qui compte plus de 160’000 abonnés à sa chaîne YouTube était invité au festival OpenSky. Plutôt à l’aise sur la grande scène du gymnase de Fully, il a exposé à partir de quelques anecdotes toutes les possibilités que représentent les réseaux sociaux pour évangéliser et partager sa foi.
«Un jour vous sauverez la vie de quelqu’un avec cette petite vidéo de 30 secondes. Une personne en difficulté qui aura vu ce short et à avec lequel vous lui aurez donné un peu de bonheur». Ce n’est pas plus compliqué que cela, a-t-il appuyé. «Il ne s’agit pas d’un miracle ni d’aller dans la rue, Bible à la main». Le dominicain a rappelé que l’idéal chrétien de bienveillance et de charité s’appliquait aussi sur les réseaux sociaux avec un téléphone ou un ordinateur. «Jésus est présent sur les réseaux sociaux!»
Le frère Paul-Adrien a mis en garde contre la tentation omniprésente sur le web, où se livre un combat spirituel entre le bien et le mal et où la lumière fait face aux ténèbres. Il a exhorté les jeunes à ne rien lâcher et à «rester droits dans leurs bottes».
Le dominicain, dont la messagerie est saturée, a expliqué recevoir trois demandes de conversions par jour et des messages dramatiques, comme celui de cette adolescente de 16 ans mise à l’écart de sa famille par son père, suite à son baptême. Et de nombreux témoignages de jeunes de plus de 20 ans qui n’osent pas parler de leur foi, sous peine d’être assimilés aux membres d’une secte. «Pour ces personnes, les réseaux sociaux sont le seul lien avec Jésus.»
Les conversions sont nombreuses à une époque où beaucoup ne trouvent pas de sens à leur vie, argument le dominicain et elles passent par les réseaux sociaux. «Vous serez peut-être la première génération à voir la courbe des statistiques s’inverser», prédit-il. «Vous n’imaginez pas la chance que vous avez d’être chrétiens en Suisse et de pouvoir venir librement à OpenSky!»
Progressivement, les festivaliers, une majorité de jeunes, des religieux, des scouts et guides d’Europe présents en nombre, venus de toute la Suisse romande ont envahi la grande halle. Ils se sont répartis entre les ateliers, les stands et le bar du festival.
Deux gardes suisses actifs ont vanté les mérites et les avantages de s’engager dans la Garde pontificale suisse. «Depuis 2017, le commandant de la Garde a souhaité envoyer des gardes à la rencontre des gens», indique Loris Follonier, ancien garde du pape. La force du témoignage et la nécessité de recruter plus pour répondre à l’augmentation du nombre de gardes souhaitée par le pape. Déjà présents en 2019 au festival, les soldats du pape ont répondu aux questions des curieux sans oublier de prendre leurs cordonnées pour les relancer.
Dans un autre style, on se pressait au stand de crêpes du Verso l’Alto. Le restaurant de la Maison de la Diaconie de Sion a connu un beau succès avec plus de 170 crêpes faites à la minute. «On ne s’y attendait pas», confie souriante Joelle Carron, responsable du Verso l’Alto.
Moins nombreux que lors de la dernière édition de 2019, les jeunes et leurs accompagnateurs ont néanmoins créé une atmosphère chaleureuse et festive. Une ambiance qu’a enflammée le trio français de pop louange «Be Witness» en début de soirée. Dansant, les bras au ciel, les jeunes ont été vite gagnés par la louange enthousiaste qu’a su insuffler le groupe durant une heure de concert.
Le Père Jean-François Luisier, curé de Savièse (VS), a ensuite converti l’atmosphère surchauffée en un silence méditatif juste avant la «messe sous les étoiles» présidée par Mgr Jean-Marie Lovey, l’évêque de Sion. Finalement absent, l’évêque des jeunes, Mgr Alain de Raemy, a envoyé un message vidéo d’encouragement diffusé en fin de soirée.
Le frère Paul Adrien, prêchant sur la guérison de l’aveugle par Jésus (Jn 9, 1-41), a exhorté l’assistance à ne jamais abandonner dans l’effort du carême. Racontant comment il avait dû frapper à la porte du couvent des dominicains de Strasbourg pendant 10 minutes avant qu’on lui ouvre alors qu’il rebroussait chemin. Sondant les fidèles sur leur effort, plutôt que de les blâmer, il les a encouragés à reprendre leur carême «dès demain» en évoquant les trois «boues» à travailler pour que la lumière descende sur eux: la prière, le jeûne et la ‘boue du porte-monnaie’: l’aumône, peut-être la plus difficile.» L’objectif du jour était de faire un carême «à côté duquel, l’apocalypse serait une rigolade.»
Alors que l’église d’un soir est rapidement démontée, des jeunes profitent encore de la musique que passe un DJ. Ils apprécient la ferveur religieuse mêlée à l’ambiance festive du festival, à l’instar de Rohan venus avec ses amis scouts, qui y voit «un lieu pour faire des rencontres avec d’autres jeunes chrétiens». Le festival est pour lui un rendez-vous pour tous ces jeunes qui vivent séparés dans ce canton [du Valais] et pratiquent la même foi. Louis et Roman viennent pour l’ambiance. Samuel a découvert une atmosphère à laquelle il ne s’attendait pas, mais qui l’a convaincu de revenir. «J’y vois une manière différente de pratiquer la foi», reconnaît Nils, venu avec son frère en voisin.
Et dans le prolongement du festival, Aline Jacquier, du service diocésain de la pastorale des jeunes a rappelé l’invitation du pape François à venir participer aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ). «Ils ont déjà 400 inscrits!» a-t-elle argumenté incitant les jeunes présents à les rejoindre. (cath.ch/bh)
Bernard Hallet
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