Toutes les traditions spirituelles, religieuses et philosophiques au niveau mondial – les grandes religions, les religions animistes et les courants rationalistes et universalistes – sont conscientes de l’enjeu que représente la sauvegarde de la création.

Pour tous, l’eau est source de toute vie et c’est un bien précieux qu’il faut considérer comme un patrimoine commun de l’humanité, ont constaté les quelque 70 intellectuels et représentants des divers courants religieux et philosophiques mondiaux venus des 5 continents réunis du 26 au 30 novembre au château de Klingenthal, à une trentaine de km de Strasbourg, pour le 2e «Symposium de Klingenthal» consacré à l’eau.

Dans une déclaration présentée samedi, le Symposium – organisé par Pax Christi France, avec le soutien particulier des Fondations Johann Wolfgang von Goethe (Bâle), Charles Léopold Mayer pour le progrès de l’Homme (Paris) ainsi que de la Fondation pour la paix Niwano (Tokyo), le Conseil Régional d’Alsace, le Conseil Général du Bas Rhin et le Conseil de l’Europe – présente l’eau comme «le bien le plus précieux de la planète terre». Un bien gravement menacé en quantité comme en qualité: «Plus d’un milliard d’habitants de la terre n’ont pas accès à l’eau potable, tandis que la demande d’eau double tous les 20 ans».

L’eau, patrimoine de l’humanité

«Patrimoine commun de l’humanité, l’eau est également devenue un bien marchand, avec un chiffre d’affaires de 500 milliards de dollars», constatent les participants au 2ème Symposium de Klingenthal, consacré cette année à l’eau, sa gestion dans le monde d’aujourd’hui et sa signification à travers l’histoire dans les différentes cultures.

Ils reprennent et réaffirment le contenu de l’»Appel de Klingenthal I» d’octobre 1995, qui prône un engagement pour la sauvegarde de la création appuyé par des représentants des religions bouddhiste, chrétienne, juive, musulmane, bahaïe, animiste, shintoïste, hindoue, des Aborigènes d’Australie, des Amérindiens et des Lapons. Parmi les signataires de cette démarche, on remarque également des représentants des courants rationalistes et universalistes.

Agir dans «l’esprit de Klingenthal»

Il s’agit, dans «l’esprit de Klingenthal», d’agir ensemble et d’unir les efforts des différentes approches spirituelles et culturelles, pour que ces différences – «loin de constituer des obstacles ou des freins à la coopération» – soient des sources d’enrichissement. Dans le but «d’approfondir sa spiritualité, sa culture, pour y découvrir les richesses et les motivations incitant au respect de la nature, en particulier de l’eau». L’eau en effet, ont constaté les participants, à l’origine est porteuse de la vie et tient une place essentielle symbolique et spirituelle dans les traditions et cultures des cinq continents présents à Klingenthal.

Au-delà des comportements irresponsables et inconscients à l’égard de cette ressource si précieuse qui se raréfie, des abus mercantiles et des erreurs de gestion, note la déclaration, «l’oubli de nos traditions de respect de l’eau et de nos racines contribue au gaspillage et à la détérioration des ressources en eau».

Eau, source potentielle de conflits entre les peuples, mais aussi de coopération

Certes, constatent les participants, il ne faut pas redécouvrir ces valeurs dans un esprit passéiste, mais en se tournant résolument vers l’avenir, notamment en développant les valeurs de solidarité et de partage de la gestion des ressources en eau, du respect des hommes et de la nature. Il s’agit également de préserver les pratiques ancestrales de gestion et de préservation de l’eau qui ont fait leurs preuves.

Les travaux de Klingenthal ont montré que l’eau peut être source de conflits entre les hommes et entre les nations – le délicat problème du partage de l’eau au Moyen-Orient en est un exemple – «mais l’histoire et nos traditions montrent que l’eau peut tout autant être porteuse de coopération, de partage équitable et de paix entre les peuples».

Et la déclaration de poursuivre: «Forts de ce socle commun, spirituel, culturel et historique, qui reconnaît l’eau comme source de la vie, nous exhortons les gouvernements à pleinement mettre en œuvre les textes et recommandations internationaux sur la gestion durable des ressources en eau, à développer une réelle gouvernance de l’eau en association avec les secteurs public et privé et les individus, grâce à l’éducation et à la formation». Elle invite également les entreprises privées, notamment celles de taille et de responsabilité internationales, à préserver les ressources en eau, en harmonie avec la protection de l’environnement et en respect des traditions et cultures locales. Les individus sont également invités à changer leurs comportements d’usage et de consommation de l’eau, dans le sens de sa préservation et de son respect.

C’est par une célébration interculturelle» que ce 2ème Symposium de Klingenthal s’est conclu dimanche: de l’eau apportée des cinq continents a servi à arroser un «Ginko biloba», seul arbre ayant repoussé à Hiroshima, planté dans le jardin du château de la Fondation Johann Wolfgang von Goethe. (apic/be)

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