La crise s’accentue entre Managua et le Saint-Siège. Le Nicaragua a suspendu ses relations avec le Vatican, a déclaré le 12 mars le ministère nicaraguayen des Affaires étrangères, après des déclarations du pape François contre le régime au pouvoir dans ce pays d’Amérique. Le pape François a qualifié le 10 mars de «dictature grossière» le régime du président Daniel Ortega, dans un entretien au quotidien argentin Infobae.
Il y a un an, le 12 mars 2022, le nonce apostolique à Managua, Monseigneur Waldemar Stanisław Sommertag, avait été expulsé du pays, explique le site Vatican News. Le Saint-Siège avait accueilli la décision du gouvernement nicaraguayen avec beaucoup de surprise et de regret: «une telle mesure apparaît incompréhensible», soulignait un communiqué du Saint-Siège, «car au cours de sa mission, Mgr Sommertag a travaillé avec un profond dévouement pour le bien de l’Église et du peuple nicaraguayen, en particulier des plus vulnérables, en cherchant toujours à favoriser de bonnes relations entre le Siège apostolique et les autorités nicaraguayennes».
Dans un entretien accordé au quotidien espagnol Abc en décembre dernier, le pape François, répondant à une question sur la diplomatie vaticane concernant le Nicaragua, avait réaffirmé que le Saint-Siège cherche toujours à sauver les peuples et que son arme est le dialogue: «le Saint-Siège ne fait jamais cavalier seul. Il est expulsé. Il essaie toujours de sauver les relations diplomatiques et de sauver ce qui peut l’être avec de la patience et à travers le dialogue».
Cette annonce intervient six jours après que les autorités aient donné l’ordre à l’université Jean Paul II et à l’université chrétienne autonome du Nicaragua (UCAN) de remettre au Conseil national des universités (CNU) toutes les informations concernant les étudiants et les professeurs, qui seront réintégrés dans d’autres établissements agréés. Tous les biens de ces deux établissements ont été saisis et transférés à l’État.
Le 7 mars dernier, le journal officiel a également publié un document du ministère de l’intérieur, annulant le statut juridique de Cáritas Nicaragua, l’organisation de l’Eglise catholique qui vient en aide aux plus démunis. Selon ce texte, une assemblée extraordinaire des membres de Caritas Nicaragua, a accepté sa dissolution volontaire et la liquidation de ladite organisation, par décision unanime de ses membres.
La situation sociale et politique au Nicaragua s’est aggravée ces dernières années avec la répression violente des manifestations, les arrestations et les expulsions. Assigné à résidence depuis août dernier, Mgr Rolando Álvarez, évêque de Matagalpa, condamné arbitrairement à 26 ans de prison, est également en prison depuis un mois, et aucune information le concernant n’a filtré depuis son incarcération. (cath.ch/vatnews/bh)
Bernard Hallet
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/le-nicaragua-suspend-ses-relations-diplomatiques-avec-le-saint-siege/