«Non». Le pape François ne travaille pas sur une nouvelle encyclique ou un document majeur. C’est ce qu’il a assuré à la journaliste argentine Elisabetta Piqué qu’il a reçue dans sa résidence Sainte-Marthe du Vatican. Alors que certaines rumeurs faisaient circuler l’idée que le pontife argentin travaillait à un texte sur la question du genre, le pape a assuré que personne ne lui a demandé un tel document.
Sur cette thématique, le pape a redit que «l’idéologie du genre, à l’heure actuelle, est l’une des colonisations idéologiques les plus dangereuses». Il a rappelé qu’il faisait la différence entre la «pastorale des personnes qui ont une orientation sexuelle différente» et cette idéologie. Pour lui, elle «dilue les différences» alors que «la richesse des hommes et des femmes et de toute l’humanité est la tension des différences». Cette idéologie n’est pas la «voie du progrès» et, in fine, «annule l’humanité».
Évoquant la figure de ses prédécesseurs, le pape a salué la modernité du pontificat de Paul VI, a décrit Jean Paul Ier comme le «pasteur proche» et Jean Paul II comme «le grand évangélisateur». S’arrêtant sur Benoît XVI, un «grand théologien», il a confié lui être reconnaissant d’avoir été le premier à prendre à bras le corps la question des abus.
Interrogé sur Jean Paul II et les dernières révélations, le pape a expliqué ne pas connaître le cas dévoilé par les médias en Pologne récemment. Comme il le fait régulièrement sur la question des abus, il a invité chacun à étudier ces révélations en resituant les éléments dans leur époque. «L’anachronisme fait toujours du mal. À l’époque, tout était caché. Jusqu’au scandale de Boston [2002, NDLR], tout était caché», a-t-il argué.
Concernant le synode sur l’avenir de l’Église, le pape a expliqué poursuivre l’œuvre de Paul VI qui s’était rendu compte que l’Église en Occident «avait perdu la dimension synodale». Il a assuré que, désormais, tous les participants au synode auront le droit de voter, «qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme».
Interrogé sur des erreurs qu’il aurait commises au cours de ses dix années de pontificat, le pape a reconnu avoir perdu parfois patience. «On perd patience, et quand la paix est perdue, alors on dérape et on fait des erreurs», a-t-il confessé, sans donner d’exemples concrets.
À propos de son bilan en matière de réformes au Vatican, le pape a évoqué son action au niveau économique et a rendu une nouvelle fois hommage au cardinal Pell. L’Australien, décédé en début d’année, lui a permis de lancer les bases d’une restructuration des finances. Le pape a toutefois assuré qu’il restait du chemin à parcourir.
Le pontife de 86 ans a en outre affirmé avoir appliqué au cours de la décennie ce qui avait été fixé lors des réunions des cardinaux avant le conclave de 2013. «C’est le collège des cardinaux lui-même qui a fixé le cap. Je n’ai rien fait d’autre que de mettre cela en route», a-t-il souligné.
Dans une autre partie de l’entretien diffusé par La Nacion, le pape est revenu sur la guerre menée par la Russie en Ukraine. Il s’est désolé de la mort de victimes innocentes, mais a dit ne pas savoir s’il fallait employer le terme de génocide, qui est «un mot technique». Il a expliqué que le Saint-Siège ne portait pas un «plan de paix» comme d’autres nations peuvent le faire, mais un «service de paix».
Il a confirmé avoir parlé deux fois au téléphone avec le président ukrainien Zelensky, et qu’une audience avec l’épouse du président avait été reportée en raison des derniers bombardements. Cette rencontre n’est toutefois pas annulée.
Le pape de 86 ans a enfin rappelé être prêt à se rendre à Kiev, mais à condition d’aller aussi à Moscou, un voyage qui n’est pas absolument impossible selon lui. (cath.ch/imedia/ak/rz)
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