Le texte sur le genre, intitulé «Gérer la diversité des genres», a été voté à l’unanimité par les membres «non-masculins» de l’assemblée. 38 évêques ont voté pour le texte et 7 contre. Comme la veille, l’abstention de 13 évêques a empêché que le texte soit bloqué.
À l’avenir, il sera possible d’utiliser le terme «divers» dans le registre des baptêmes pour le baptême d’enfants dont l’identité de genre n’est pas claire. Il est officiellement possible pour un catholique allemand de changer de genre dans ces mêmes registres.
Le texte demande aussi au pape François de veiller «à ce que les personnes transgenres et intergenres de notre Église puissent vivre leur vie et leur foi en leur être de créatures de Dieu sans préjugés, sans hostilité et sans discrimination».
«Jésus vivait parmi les transsexuels», s’est exclamé le représentant du ZdK [Comité central des catholiques allemands, fédérations des associations laïques du pays, NDLR] Gregor Podschun, brandissant un drapeau LGBT après le résultat. «L’Église ne reconnait pas encore les gens qui ne sont pas mâles ou femelles, alors que c’est prouvé par la science», a-t-il affirmé, reprenant les positions défendues dans le texte.
L’évêque auxiliaire de Münster, Mgr Stefan Zekorn, a défendu le principe d’une pastorale de l’Église envers les personnes transsexuelles, mais a refusé de voter, considérant qu’un volet du texte relevait de «l’idéologie du genre». Le professeur Bernhard Emunds lui a répondu que cette expression était «employée par les partis d’extrême droite». L’utilisation du terme «idéologie du genre» est condamnée dans le texte.
Viola Kohlberger, une représentante du ZdK pour l’Ordre de Malte a appelé à «casser la tradition de l’Église» sur la sexualité, cause des souffrances de beaucoup de personnes LGBT. L’évêque de Passau, Mgr Stefan Oster, a reconnu que l’Église avait «beaucoup à rattraper» concernant les questions liées au genre, mais s’est inquiété du fait que le texte ne mentionne pas «l’identité chrétienne» qui dépasse selon lui l’identité sexuelle.
Un texte intitulé ‘Les femmes dans les ministères sacramentels – perspectives pour le dialogue au sein de l’Église universelle’ a été adopté à 93%. Il demande aux évêques allemands de plaider pour l’admission des femmes au diaconat féminin auprès du pape François et dans le cadre du synode sur l’avenir de l’Église.
Les évêques ont porté une motion pour bloquer une demande en faveur de l’accès des femmes à l’ordination sacerdotale, qui a été fortement critiquée par plusieurs participants qui y voient une «discrimination». La motion des évêques a été finalement adoptée à 68%. Plusieurs membres du chemin synodal avaient invité à voter contre l’amendement: «Le patriarcat doit être détruit», s’était ainsi exclamé Gregor Podschun.
La théologienne Katharina Ganz, les larmes aux yeux, a expliqué souffrir personnellement de ne pouvoir «répondre à sa vocation» de devenir prêtre. Elle et plusieurs autres femmes dans le même cas ont néanmoins appelé à soutenir le texte amendé par les évêques pour éviter que le diaconat soit bloqué.
Mgr Rudolf Voderholzer, archevêque de Ratisbonne, a été le seul intervenant à s’opposer au diaconat féminin, considérant que la femme occupait une autre place importante dans l’Église. Le vote pour ce ministère n’est qu’une étape avant la demande du sacerdoce féminin, a-t-il insisté.
À Rome, une seconde commission d’étude sur le diaconat féminin a été lancée par le pape François en avril 2020. Selon une source romaine, le pape serait déjà en possession de ces travaux.
Suivant la ligne formulée par Mgr Georg Bätzing, le 9 mars, le chemin synodal a choisi, le jour suivant, de ne pas voter un texte intitulé ‘Conseiller et décider ensemble’ qui porte notamment sur la création de ‘conseils synodaux diocésains’. Une majorité des participants a décidé de confier cette tâche au ›comité synodal’ dont les membres ont été nommés le 11 mars.
Cette manœuvre permet de temporiser: l’organisme se donne en effet trois ans (2026) pour réfléchir à la forme que prendront ces organismes diocésains ainsi que le ›conseil synodal national’ dont la création a été votée lors de la précédente réunion à l’automne 2022.
Plusieurs évêques, dont Mgr Bätzing, président de la conférence des évêques d’Allemagne et le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich, ont insisté sur le fait que l’entité pouvait être créée dans les limites imposées par le droit canonique. «Nous sommes allés jusqu’à la dernière limite de ce qui nous était autorisé de faire», a assuré pour sa part Mgr Stefan Zekorn, évêque auxiliaire de Munster.
Le Vatican, en janvier, a envoyé un courrier, signé par trois cardinaux et approuvé en forme spécifique par le pape François, qui s’opposait à ces conseils à vocation notamment décisionnelle, composés de laïcs et de clercs. Rome considère qu’ils remettent en question l’autorité épiscopale. Cette lettre, suscitée par un dubium – envoyé «dans le dos», selon un participant – par cinq évêques allemands, dont le cardinal Rainer Maria Woelki, archevêque de Cologne, a été vivement critiquée lors de plusieurs prises de parole.
Un amendement au texte examiné par l’assemblée de Francfort a été critiqué par certains évêques parce qu’il prévoyait la tenue d’une «réunion de décision conjointe» en cas de désaccord entre l’évêque et son conseil synodal, sans préciser qui décidait.
«Il est clair que, pour tous ceux qui sont liés à la ZdK, une phrase qui dit ‘à la fin, l’évêque décide’ n’est pas acceptable», s’est agacé un laïc, plaidant pour un ministère épiscopal construit sur le «consensus». «À la fin, je dois prendre mes responsabilités», lui a répondu Mgr Peter Kohlgraf, évêque de Mayence.
Le 10 mars, un rapport sur la gestion des abus dans l’Église en Allemagne a aussi été présenté. Sur les 27 diocèses allemands, 20 disposent désormais d’une commission indépendante pour traiter les abus. Quatre commissions doivent encore être créées pour atteindre les objectifs.
La voie synodale a ensuite voté à l’unanimité un texte intitulé ‘Prévention des violences sexuelles, intervention et prise en charge des auteurs dans l’Église catholique’. Il prévoit des procédures plus strictes pour les prêtres coupables d’abus sexuels et de nouveaux dispositifs notamment en matière de prévention et d’éducation.
La Conférence épiscopale allemande devra créer un «code de discipline» pour les prêtres afin de pouvoir prendre des mesures face aux cas limites d’un point de vue du droit canonique. Les prêtres qui seraient concernés seront soumis à un suivi individuel, notamment thérapeutique, mais aussi administratif.
Un dernier document, intitulé ‘Mesures contre la maltraitance des femmes dans l’Église’ a été lui aussi voté à l’unanimité en première lecture, mais doit encore être ratifié. Le texte demande des règles plus claires dans le cas des abus spirituels ou sexuels contre les femmes, et plus largement contre tous les adultes, notamment en termes d’aides financières, thérapeutiques et juridiques. (cath.ch/imedia/cd/rz)
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