Répondant à plusieurs questions sur des thèmes internationaux, le pape confirme sa volonté de visiter la Russie, exprimée maintes fois depuis le début de l’invasion de l’Ukraine. Il rapporte qu’il a reçu de la part de l’ambassadeur de Moscou près le Saint-Siège « une réponse très correcte », positive, « mais (pour) plus tard ».
Il se félicite que « plusieurs dirigeants » travaillent pour la paix en Ukraine, estimant que Narendra Modi, le Premier ministre indien, « peut faire quelque chose ». « Il y a un groupe israélien qui avance bien », glisse-t-il également sans en dire plus.
Au Nicaragua, « avec beaucoup de respect, je ne peux que penser à un déséquilibre de la personne qui dirige [Daniel Ortega] », tacle l’évêque de Rome. Évoquant le cas de Mgr Rolando Álvarez, condamné à 26 ans de prison après son refus de monter à bord de l’avion qui devait l’expulser vers les États-Unis, le pape salue « un homme très sérieux et très compétent ». « Il a voulu donner son témoignage et n’a pas accepté l’exil », poursuit-il en comparant le régime nicaraguayen à « des types de dictatures grossières » comme « la dictature communiste de 1917 ou la dictature hitlérienne ».
Au Venezuela, alors qu’un rapport de l’ONU charge le gouvernement de Nicolás Maduro de crimes contre l’humanité, le pape garde l’espérance. « Ce sont les circonstances historiques qui les forceront à changer leur mode de dialogue. […] Je ne ferme jamais la porte aux solutions possibles », déclare-t-il.
Un an après ses problèmes de genou qui avaient atteint sa mobilité, le pape François fait le récit de sa thérapie : « Mes tendons me faisaient mal, à cause d’une inflammation, semble-t-il, et je marchais mal. Et cette mauvaise marche m’a cassé un os du genou ».
Le pontife était réticent à l’idée d’une nouvelle opération après celle du côlon en juillet 2021, jusqu’à ce qu’un kinésithérapeute lui propose un traitement de magnétothérapie et de laser. « Il a réussi à souder l’os. Maintenant, je me rééduque de tout cela, c’est-à-dire que j’étire les tendons, les muscles. L’os va bien », assure-t-il.
Alors que le synode allemand vient de voter une résolution demandant au pape de réviser l’obligation du célibat sacerdotal, le pape déclare qu’il « ne croit pas » que la possibilité de se marier encouragerait les vocations au sacerdoce. Il rappelle cependant que le célibat est seulement « une discipline », une « prescription temporaire », et non pas « éternelle ».
Pour le pape, cette règle pourrait être révisée. « Il n’y a aucune contradiction à ce qu’un prêtre puisse se marier », affirme-t-il, citant les Églises orientales où les prêtres « choisissent de se marier ou d’être célibataires » avant leur ordination. Au fil de la conversation, le pape laisse entendre que « le célibat peut conduire au machisme ». « Un prêtre qui ne sait pas travailler avec les femmes manque de quelque chose, il n’est pas mûr », affirme-t-il, taxant le Vatican de « très machiste » dans sa culture.
Quant aux résistances face aux réformes qu’il a enclenchées dans l’Église, elles sont normales, juge-t-il. Un congrès sans résistances serait « une école primaire », ajoute-t-il en exprimant son respect pour ceux qui le « critiquent de front ».
Le pape s’exprime aussi sur la situation des personnes divorcées et remariées, qui ne peuvent pas communier, envisageant à l’instar de Benoît XVI que de nombreux mariages sont nuls. Le pape allemand, argue-t-il, « a dit trois fois […] qu’une grande partie des mariages religieux sont invalides par manque de foi. […] Parfois [on] va à un mariage et cela ressemble plus à une réception sociale qu’à un sacrement. […] Quand les jeunes disent ›pour toujours’, qui sait ce qu’ils entendent par ›pour toujours’. »
Pour le chef de l’Église catholique, il faut « en tenir compte » dans l’accès à la communion. Certains couples dont le mariage est invalide « ne peuvent pas le prouver », reconnaît-il, leur conseillant « d’aller voir leur évêque, d’aller lui présenter leur situation ».
Évoquant aussi ses prises de paroles sur l’accueil des personnes homosexuelles, le pontife souligne que « la grande réponse a été donnée par Jésus : [… Il] appelle tout le monde et chacun résout sa relation avec Dieu comme il peut ou comme il veut ».
Le pape de 86 ans, qui confie qu’il ne regarde pas la télévision, qu’il n’a pas de téléphone portable et qu’il écrit uniquement à la main, parle aussi de la mort, qu’il ne craint pas. « Je sais que cela va arriver. Une fois, quand j’ai pensé qu’il pourrait y avoir un risque, je me suis préparé, quand j’ai dû faire l’opération qui était risquée [au côlon en juillet 2021, NDLR]. Mais j’ai demandé au Seigneur de ne pas me prendre en flagrant délit d’inconscience, pas ça ».
Pour exprimer son espérance de la miséricorde, il se réfère à un chapiteau médiéval dans la basilique de Vézelay en France, où « d’un côté, il y a Judas pendu et le diable qui le tire vers le bas. De l’autre côté, il y a le bon berger, qui l’emmène avec un sourire ironique. […] Et c’est celui-là qui gagne. Toujours ».
Enfin, le pontife argentin, qui n’est pas retourné dans son pays d’origine depuis son élection, assure qu’il n’y a « pas de refus d’y aller », « en aucun cas » et qu’il reste « ouvert à l’opportunité ». (cath.ch/imedia/ak/mp)
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