Celui-ci est revenu sur une rencontre avec Angelo Becciu lors de laquelle le cardinal aurait affirmé que si le nom de Cecilia Marogna sortait publiquement, cela constituerait « un grave préjudice » pour lui et ses proches et que certains pourraient alors le tuer.
Cette rencontre est intervenue le 3 octobre 2020, quelques jours seulement après le limogeage par le pape du cardinal sarde, le 24 septembre. Elle avait déjà été évoquée lors de l’audition le 12 octobre 2022 du commissaire de la gendarmerie vaticane, Stefano De Santis, aussi présent à la rencontre.
Les gendarmes, qui étaient proches du cardinal, ne se sont pas rendus chez lui dans le cadre d’une enquête. Les trois hommes ont évoqué les articles de presse incriminant Angelo Becciu. Ils ont notamment parlé de la thèse selon laquelle de l’argent aurait été envoyé en Australie par la secrétairerie d’État à deux témoins accusant le cardinal australien George Pell d’abus. Ils ont aussi évoqué les versements de la secrétairerie d’État à la coopérative sarde SPES à Ozieri (Sardaigne), gérée par le frère du cardinal.
Comme le commissaire De Santis l’avait évoqué en octobre dernier, le commandant Gauzzi Broccoletti a aussi confié avoir voulu « aider et soutenir » le cardinal dans ce moment de « souffrance ». Il a alors alerté l’ancien substitut sur le comportement suspect de Cecilia Marogna, une experte en « diplomatie informelle » approchée par le cardinal Becciu pour la libération d’une religieuse colombienne enlevée au Mali. Le commandant lui a expliqué que les fonds versés par la secrétairerie d’État à Cecilia Marogna -sur demande d’Angelo Becciu – avaient aussi été utilisés pour d’autres fins.
En apprenant cela, le cardinal Becciu aurait perdu son calme, aurait « baissé la tête vers ses genoux et mis ses mains sur son visage ». Il aurait alors lâché : « Si cela sort, ce sera un préjudice grave pour moi et ma famille ». Puis : « Si cela était publié, « ils me tueraient » », aurait-il ajouté selon le commandant qui n’a pas spécifié à qui le cardinal faisait référence à cet instant.
Confirmant la version du commissaire De Santis, Gianluca Gauzzi Broccoletti a aussi souligné que le cardinal Becciu avait proposé de rembourser personnellement les sommes versées par la secrétairerie d’État à Cecilia Marogna avec son compte à la banque vaticane, l’Institut pour les œuvres de religion (IOR).
Présent à l’audience, le cardinal Becciu s’est dit « amer » devant les déclarations du gendarme. Comme il l’avait déjà dit après le témoignage du Stefano De Santis, le cardinal a répété que les gendarmes lui avaient demandé de tenir cette rencontre secrète parce qu’elle interférait avec l’enquête du Vatican déjà en cours. Le commissaire De Santis avait nié cette version lors de l’audience du 13 octobre 2022. Le cardinal Becciu a par ailleurs assuré que les gendarmes lui avaient dit qu’ il « était le trompé » et que ce n’était « pas juste » qu’il paie pour les dépenses personnelles de Cécilia Marogna.
La 50e audience a été aussi l’occasion d’entendre la fin du témoignage du commissaire Stefano De Santis. Un financier, Antonio Mauceri, qui avait eu des relations avec Gianluigi Torzi, a aussi été brièvement auditionné. Les prochaines audiences se tiendront le 16 et 17 mars avec le témoignage de l’actuel substitut de la secrétairerie d’État, Mgr Edgar Peña Parra. (cath.ch/imedia/ic/mp)
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