Kenya: des députés catholiques s’opposent aux droits des homosexuels

Des députés catholiques du Kenya ont menacé le Conseil national des Organisations non gouvernementales (ONG) de dissolution s’il acceptait l’adhésion d’un groupe de pression homosexuel. Les relations homosexuelles sont encore punies de prison dans le pays.

La mise en garde des députés catholiques fait suite à un jugement de la Cour suprême kényane reconnaissant aux personnes LGBTQ le droit de former un groupe de pression, a rapporté la radio Capital FM début mars 2023. Ce droit leur a été accordé bien que la loi ne reconnaisse pas les mariages entre personnes de même sexe.

L’homosexualité passible de 14 ans de prison

La Cour suprême avait été saisie par la Commission nationale des droits humains des gays et lesbiennes du Kenya (NGLHRC), la structure faitière des personnes homosexuelles du pays, après son échec devant la Cour d’appel, en 2019. Les militants réclamaient l’abolition de la législation considérant les relations sexuelles entre personnes du même sexe de «crime charnelle contraire à l’ordre de la nature», des actes passibles de 14 ans de prison.

Les députés catholiques ont prévenu le Conseil national des ONG qu’il subirait des «conséquences négatives» s’il venait à accepter une éventuelle adhésion de la NGLHRC. Si cela se produisait, le Conseil pourrait en effet servir d’intermédiaire pour demander la dépénalisation des relations homosexuelles dans le pays. Les parlementaires catholiques ont averti qu’ils proposeraient alors la dissolution de la coalition d’ONG actives au Kenya, qui compte 12’000 membres.

A contre-courant du pape

Le député Innocent Obiri, qui mène la démarche catholique, a condamné, en tant que leader politique et chrétien, «dans les termes les plus vigoureux», la décision de la Cour suprême. Il a invité les juges à revoir leur jugement «en faveur de la morale, de la culture, de la religion et surtout de la Constitution de 2010.» Il a en outre exhorté les médias à cesser de parler de ce sujet dans leurs programmes, car cela «augmente la popularité du vice.»

A noter que le pape François, dans l’avion qui le ramenait de son voyage en RDC et au Soudan du Sud, le 5 février 2023, a appelé tous les pays à dépénaliser l’homosexualité. Les actes homosexuels sont punis par la loi dans 69 États membres de l’ONU. Parmi eux, 32 se trouvent sur le continent africain. (cath.ch/ibc/ag/rz)

Ibrahima Cisse

Portail catholique suisse

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