Un précédent entretien s’était tenu entre le pape François et Mgr Gänswein le 9 janvier dernier, alors que certains propos tenus par le secrétaire de Benoît XVI dans ses mémoires avaient été interprétés comme des attaques directes à l’encontre du pape régnant. Dans un livre d’entretien avec le vaticaniste Saverio Gaeta, dont certains extraits avaient été diffusés quelques jours auparavant, Mgr Gänswein redisait son amertume pour avoir été écarté de sa charge active de préfet de la Maison pontificale, se décrivant comme un «préfet pourfendu».
Le pape François l’avait mis en congé de ses responsabilités en janvier 2020, en raison de la controverse suscitée par la participation de Benoît XVI à un livre du cardinal Sarah sur le célibat sacerdotal, qui avait été interprété comme une attaque frontale contre les conclusions du Synode sur l’Amazonie organisé trois mois auparavant au Vatican. Cet incident avait mis en lumière de vives incompréhensions entre l’entourage du pape François et celui de son prédécesseur.
Dans ses mémoires, Mgr Gänswein explique avoir été nommé par Benoît XVI à la tête de la Maison pontificale en 2012 pour être un «trait d’union» entre les deux pontifes, mais il souligne n’avoir jamais pu remplir cette fonction. Bien que maintenu à ce poste en 2013, il estime s’être fait court-circuiter par le pape François, qui lui aurait préféré son numéro 2, Mgr Leonardo Sapienza. Il révèle aussi les désaccords de Benoît XVI avec le pontife sur des questions touchant aux valeurs éthiques et à la messe en rite pré-conciliaire.
Très discret depuis la controverse ayant accompagné la sortie de son livre, Mgr Gänswein est sorti de son silence en répondant à un entretien diffusé le 2 mars dans une émission de la RAI, Cinque minuti. «J’espère que le pape François me fait confiance, j’espère que je ne lui ai pas donné de raison de se méfier de moi», a-t-il confié au journaliste Bruno Vespa.
Disant s’attendre à se voir confier de nouvelles responsabilités, l’archevêque allemand a assuré que son intention, à travers son livre, n’était pas de susciter des «guerres» dans l’Église. «Je voulais juste donner mon témoignage sur les choses réelles qui se sont passées», s’est-il justifié dans cet entretien.
Publié en italien aux éditions Piemme, dès le 12 janvier, soit seulement une semaine après les obsèques du pape émérite, ce livre sera publié en français par les éditions Artège le 3 avril sous le titre Rien d’autre que la vérité – Ma vie aux côtés de Benoît XVI.
Pour le moment, aucune nouvelle charge n’a été confiée à l’archevêque allemand, mais les informations du quotidien Il Fatto Quotidiano selon lesquelles il se serait installé dans un nouvel appartement proche de la Maison Sainte-Marthe laisse entendre qu’il resterait au Vatican.
Son éventuelle nomination à la présidence de la Fondation Ratzinger – le père Federico Lombardi, titulaire actuel de ce poste, ayant atteint le seuil des 80 ans l’été dernier – ou son retour en fonction comme préfet de la Maison pontificale apparaissent donc comme des hypothèses plus plausibles qu’une nomination comme nonce apostolique ou son envoi dans un diocèse d’Allemagne. (cath.ch/imedia/cv/bh)
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