Les «technologies convergentes» – alliance de la nanotechnologie, la biotechnologie, l’informatique et les sciences cognitives – ont «percé le mur du son, sont allées par-delà les colonnes d’Hercule», s’est exclamé Mgr Paglia devant les journalistes. Et de mettre en garde: ces technologies peuvent apporter «un développement énorme» mais «une tragédie tout aussi énorme».
L’archevêque italien a comparé ces technologies à l’avènement du nucléaire où l’on pouvait tout détruire. «Ici aussi, l’on peut tout détruire», s’est-il inquiété, soulignant le risque «qu’une machine prédestinée par un algorithme décide pour l’humain». Mgr Paglia a appelé de ses vœux des accords internationaux sur le modèle des accords climatiques, rappelant qu’une technologie sans éthique est très dangereuse.
Au terme du congrès, Mgr Renzo Pegoraro, chancelier de la même académie, a fait part des préoccupations et craintes des académiciens sur le manque de limites et de frontières. Ces derniers ont plaidé pour la référence à des valeurs et principes moraux afin d’avoir des critères d’évaluation, a-t-il rapporté.
Sujet de préoccupation patent des académiciens du Vatican: le transhumanisme. Celui-ci «part du principe que l’homme est une limite qui doit être dépassée», a expliqué Laura Palazzani, membre de l’Académie pour la vie et professeur à l’Université Lumsa. En se défendant d’une posture technophobe, elle a formulé un appel à la prudence face à ces technologies qui «se développent d’une façon très rapide, très complexe, et avec une application très vaste dans divers secteurs».
Très souvent, a-t-elle constaté, ces technologies sont «duelles». Elles peuvent s’appliquer pour soigner des personnes malades ou handicapées mais aussi pour augmenter les capacités de personnes saines, a-t-elle développé, en taclant un «rêve utopiste».
Pour le professeur Roger Strand, de l’Université de Bergen, intervenant au congrès, les technologies convergentes soulèvent des questions sur l’avenir de l’espèce humaine. Facebook et Twitter sont devenus des armes qui peuvent être utilisées dans des élections démocratiques, constate-t-il, s’alarmant de leur portée de persuasion à un niveau beaucoup plus profond qu’aucune publicité normale, en raison des bases de données sur les préférences des internautes.
«Que se passe-t-il s’il devient possible de connecter une machine à mon cerveau, à mon insu? Qu’est-ce que serait la conscience? Qu’est-ce que seraient les croyances?», s’est inquiété le spécialiste en éthique, regrettant le manque de philosophes et théologiens au milieu des ingénieurs. (cath.ch/imedia/ak/mp)
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