L’institut Max Planck de recherches en sciences naturelles, sciences de la vie et sciences humaines célèbre ce mois-ci les 75 ans de sa fondation (1948).
Dans son discours qu’il a remis sans le lire, étant indisposé par un rhume, le pontife exprime aux chercheurs sa préoccupation devant la perspective de la «pensée hybride». Par ces mots, le pontife de 86 ans vise «un croisement entre la ‘pensée biologique’ et la pensée ‘non biologique’» – obtenue par une connexion entre le cerveau humain et des données d’une interface numérique –, qui permettrait «à l’homme de ne pas être supplanté par l’intelligence artificielle».
Cette technologie, estime le pape, «soulève des interrogations de grande importance aussi bien sur le plan éthique que social». En effet, souligne-t-il, «la fusion entre la capacité cognitive de l’homme et la puissance informatique de la machine modifierait de façon substantielle l’espèce homo sapiens».
«Nous ne pouvons pas ne pas nous poser le problème du sens ultime, c’est-à-dire de la direction, de ce qui est en train de se passer sous nos yeux», s’alarme le 266e pape. Face aux éventuelles dérives du transhumanisme, le pape fait droit au «projet néo-humaniste, selon lequel l’écart entre action et intelligence ne peut être accepté (…) Si l’on sépare la capacité de résoudre des problèmes de la nécessité d’être intelligent pour le faire, on annule l’intentionnalité et donc l’éthicité de l’action», abonde-t-il.
Le pontife s’oppose aussi au «principe de responsabilité technique, qui n’admet pas de jugement moral sur ce qui est bien ou mal». Selon ce principe, «l’action, surtout celle des grandes organisations, devrait être évaluée en termes purement fonctionnels, comme si tout ce qui est possible était, pour cette raison même, éthiquement admissible (…) L’Église ne peut jamais accepter une telle position, dont nous avons déjà trop de preuves des conséquences tragiques.»
Il exhorte à remettre au centre de la culture «la responsabilité de prendre soin de l’autre, et pas seulement de rendre des comptes de ce que l’on a fait (…) Car on est responsable non seulement de ce qu’on fait, mais aussi et surtout de ce qu’on ne fait pas, alors qu’on pourrait le faire.»
Enfin, le pape encourage ces scientifiques à garder les plus hautes normes de l’intégrité scientifique, sans influences inappropriées de nature aussi bien politique qu’économique. Il encourage le soutien «à la science pure», qui elle aussi, comme la science appliquée, présente une «nature de bien public». (cath.ch/imedia/ak/rz)
Raphaël Zbinden
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