Le président Daniel Ortega avait négocié avec les États-Unis le bannissement de 222 prisonniers politiques dont l’évêque de Matagalpa, en résidence surveillée depuis plusieurs mois. Mais conduit au pied de la passerelle, Mgr Alvarez a refusé de monter dans l’avion de l’exil.
Une attitude qui a vexé le président qui l’a renvoyé dans une prison de droit commun, non sans l’insulter au passage. Daniel Ortega a pointé «le comportement arrogant de quelqu’un qui se considère comme le leader de l’Église d’Amérique latine. Il est déséquilibré… sur le point de devenir pape».
Le leader sandiniste a accusé l’évêque d’être un «énergumène», incapable d’avoir «le courage du Christ, qui a enduré la crucifixion». «Comme il était gardé à domicile et que des repas spéciaux étaient préparés pour lui chaque jour, les sœurs sont venues cuisiner pour lui dans un manoir. Il est irrité parce que maintenant il est en prison», a-t-il ajouté.
L’évêque de Matagalpa était assigné à résidence, dans l’attente d’un procès qui doit s’ouvrir la semaine prochaine. L’année dernière, il a été arrêté illégalement pendant quatre mois, et détenu dans une prison clandestine.
Selon le leader sandiniste, l’idée de ce que l’on peut considérer comme le plus grand bannissement de l’histoire de l’Amérique latine serait venue de sa femme Rosario (qui est aussi sa vice-présidente NDLR). «Rosario m’a dit: pourquoi ne pas dire à l’ambassadeur des États-Unis d’emmener tous ces terroristes. Ces personnes sont victimes de la politique impérialiste qui les utilise, les finance et les arme afin de détruire la paix d’un pays».
Sa femme aurait alors appelé l’ambassadeur. Après une réponse positive, ils ont préparé une première liste de 228 prisonniers, qui a finalement été réduite à 222. Cette «opération extraordinaire» a conduit au transfert des prisonniers par bus au pied de l’avion qui a ensuite quitté le Nicaragua. (cath.ch/ag/mp)
Maurice Page
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