Devant les 200 participants présents du 5 au 9 février à Prague, l’évêque de Limbourg a regretté qu’il n’y ait «pas eu de discernement». «Nous ne sommes pas plus loin» que le document émis en octobre 2022 par le secrétariat du Synode pour l’étape continentale, a-t-il souligné, estimant que «nous avons encore beaucoup de travail devant nous».
Pour Mgr Bätzing, le texte ne fait que rapporter très fidèlement ce qui s’est dit durant l’assemblée. « Cela veut dire qu’en ce moment on ne fait que des premiers pas dans ce chemin de synodalité », a-t-il expliqué lors d’un point presse auquel a participé I.MEDIA. «Chacun dit ses opinions ou son ressenti», a constaté l’évêque.
Quant aux relations avec les autres pays européens, le président de la conférence des évêques allemands note que «certains nous regardent de façon critique». Il déclare prendre au sérieux leurs peurs mais «sans vouloir arrêter le chemin commencé, parce qu’on doit aussi prendre soin et prendre en compte les défis actuels dans notre monde et les défis pour notre Église».
Nombreux aussi sont les pays qui «ont des positions très semblables à nous», a-t-il fait remarquer. Et de citer la Belgique, l’Autriche, la Suisse, le Luxembourg, les Pays-Bas, l’Irlande. Il se félicite également que les thèmes principaux du chemin synodal allemand ont trouvé leur place dans le document final. «On n’est pas d’accord sur l’analyse et les positions mais au moins ces thèmes sont présents dans le débat et dans le document».
Le chemin synodal allemand, «c’est notre chemin à nous, et nous ne sommes pas l’Église à nous seuls», reconnaît aussi Mgr Bätzing. Tout en assurant que l’Église d’Allemagne entendait partager ses expériences et ses arguments, ses décisions aussi, à l’Église universelle.
Il évoque la suite de ce chantier d’outre-Rhin. Après leur prochaine assemblée à Francfort, cinquième et dernière du processus, celui-ci s’arrêtera le 11 mars à partir de 17h. Commencera alors «une période où l’on va mettre en œuvre les décisions», annonce l’évêque allemand. En l’occurrence, explique-t-il, «tout ce que le Droit canonique actuel nous permet de faire, nous allons le faire maintenant. Pour les décisions qui demandent un accord au plan universel, nous allons les présenter à Rome».
Le 23 janvier, le Saint-Siège a recadré une nouvelle fois le chemin synodal allemand, en s’opposant à leur projet de Conseil synodal. Ce qui n’empêche pas les évêques de poursuivre dans cette direction. «On veut chercher des moyens de prendre des décisions synodales entre laïcs, clercs et évêques. On y travaille, on est très déterminés», affirme Mgr Bätzing.
Il souhaite que les autorités romaines ne se contentent pas d’une fin de non-recevoir mais «nous disent comment on pourrait le faire». « Pour cela on va entrer en dialogue », annonce-t-il, alors que le bras de fer se poursuit depuis plusieurs années, et s’est fait sentir lors de la visite ad limina allemande en novembre dernier.
«Pour le moment, précise Mgr Bätzing, nous avons seulement pris la décision de fonder un comité qui va préparer un Conseil synodal. On s’est donné pour objectif d’y travailler pendant trois ans. Le Conseil synodal ne commencera que dans trois ans.»
Selon l’évêque de Limbourg, Rome craint «que le Conseil synodal ne se situe au-dessus de la conférence des évêques» et finisse par contraindre les évêques. Mais «cette image là est fausse, ce n’est pas ce que nous cherchons », se défend-il. Ce Conseil aurait pour charge de conseiller mais aussi de prendre des décisions, cependant cela ne veut pas dire que les évêques n’ont plus leur liberté. Chaque évêque reste responsable de son diocèse et y prend les décisions qui s’imposent à lui.
Cette initiative est « peut-être la quadrature du cercle », reconnaît toutefois Mgr Bätzing, qui doit se rendre prochainement à Rome pour en discuter, sans que la date ne soit encore fixée. (cath.ch/imedia/ak/mp)
I.MEDIA
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