Audience: le pape dénonce le trafic d'armes en Afrique

Devant une foule de pèlerins rassemblés en la salle Paul VI du Vatican pour l’audience générale, le pape François a raconté ce mercredi 8 février son voyage en RDC et au Soudan du Sud qu’il a accompli du 31 janvier au 5 février 2023. Il a déploré une nouvelle fois l’exploitation des ressources naturelles de ces pays par le reste du monde, mais aussi la corruption ou le trafic d’armes qui n’en finit pas d’alimenter les guerres. 

De retour de son périple africain, le pape François a rapporté aux fidèles réunis à l’occasion de sa catéchèse hebdomadaire son voyage en RDC du 31 janvier au 3 février, puis au Soudan du Sud jusqu’au 5 février.

Le pontife, arrivé en marchant avec sa canne, a confié avoir accompli «deux rêves», celui d’avoir rendu visite aux Congolais, un peuple qui vit sur «une terre riche en ressources et ensanglantée par une guerre qui ne se termine jamais». Et puis celui d’être allé accomplir un «pèlerinage de paix» au Soudan du Sud avec l’archevêque de Canterbury Justin Welby et le modérateur général de l’Église d’Écosse, Iain Greenshields. 

Le pape a mentionné tous les rendez-vous qu’il a honorés durant son 40e voyage à l’étranger depuis son élection en 2013. Il a ainsi fait écho à son discours aux autorités de la RDC devant lesquelles il avait relevé un paradoxe: le pays est riche de ses ressources mais le peuple reste pauvre et subit les affres de la violence. 

«C’est une dynamique que l’on retrouve également dans d’autres régions d’Afrique, et qui s’applique à ce continent en général: un continent colonisé, exploité, pillé», a-t-il tancé, appelant à mettre un terme à cette exploitation.

Le pontife s’est aussi remémoré sa rencontre avec les victimes des violences à l’Est du pays, où sévissent une centaine de milices armées qui font régner la terreur sur fond de luttes ethniques et politiques et d’intérêts financiers. «J’ai écouté les témoignages bouleversants de certaines victimes, notamment des femmes, qui ont déposé au pied de la Croix des armes et autres instruments de mort», a-t-il rappelé, soulignant avoir redit «non à la violence et à la résignation, oui à la réconciliation et à l’espérance». 

La puissance de renouveau de la nouvelle génération

La rencontre électrique entre le pape et les quelque 65’000 jeunes et catéchistes du pays dans le stade des Martyrs de Kinshasa a aussi été évoquée. «Pensons à la puissance de renouveau que peut apporter cette nouvelle génération de chrétiens, formée et animée par la joie de l’Évangile!», a-t-il insisté. À Kinshasa, lors de cet événement, le pape avait improvisé en demandant aux jeunes de dénoncer la corruption. Le stade s’était alors embrasé, et, depuis les tribunes avaient germé des slogans demandant le départ du président en poste. 

Abordant ensuite la deuxième partie de son voyage, à Djouba, au Soudan du Sud, le pape a rappelé qu’il s’est agit d’un «pèlerinage œcuménique de paix» effectué avec les chefs de deux Églises historiquement présentes dans ce pays: la Communion anglicane et l’Église d’Écosse.

Processus de paix embourbé

Il s’agissait pour les trois leaders chrétiens de «l’aboutissement d’un parcours initié il y a quelques années, qui nous avait vu nous réunir à Rome en 2019, avec les autorités sud-soudanaises, pour nous engager à surmonter le conflit et construire la paix». C’est lors de cette rencontre que le pape s’était mis à genoux pour supplier le président Salva Kiir et son rival Riek Machar de faire la paix. 

«Malheureusement, le processus de réconciliation n’a pas progressé et le Soudan du Sud à peine né est victime de la vieille logique de pouvoir et de rivalité, qui engendre la guerre, la violence, les réfugiés et les personnes déplacées à l’intérieur du pays», a-t-il déploré. 

Alors que le processus de paix est embourbé, il a confié avoir exhortées les autorités «à tourner la page, à mettre en œuvre l’accord de paix et la Feuille de Route, à dire résolument non à la corruption et au trafic d’armes et oui à la rencontre et au dialogue». 

Des pays «civilisés» qui envoient des armes au Soudan du Sud

Sortant de ses notes, le pape François a fustigé le comportement des pays qui se disent «civilisés» mais qui proposent d’aider le Soudan du Sud en apportant des armes. «C’est une honte», a déclaré le pape, qui a renouvelé son appel à la lutte contre la corruption et au trafic d’armes. 

François s’est encore lamenté devant les 4 millions de déplacés internes et réfugiés Sud-soudanais dans les pays voisins, sur les 12 millions d’habitants. «C’est pourquoi j’ai voulu rencontrer un grand groupe de personnes déplacées internes, les écouter et leur faire sentir la proximité de l’Église», a-t-il expliqué. 

Le pape a enfin parlé des femmes, «de braves femmes» qui sont «la force qui peut transformer le pays». Dans ce pays où elles sont discriminées, le pape avait pu écouter le terrible exposé de Sara Beysolow Nyanti. Originaire du Libéria, la représentante des Nations Unies au Soudan du Sud avait rapporté que les femmes et les filles de ce pays risquaient «d’être violées dans l’exercice de leurs activités». (cath.ch/imedia/hl/bh)

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