«Vous apprécierez et honorerez les femmes, sans jamais les violer, sans jamais être violents, sans jamais être cruels, sans jamais les utiliser comme si elles étaient là pour satisfaire un désir». Sous les applaudissements et les cris nourris des femmes venues sur la grande esplanade de Djouba pour cette veillée de prière, l’archevêque de Canterbury Justin Welby a marqué les esprits. Quelques heures auparavant, lors d’une rencontre entre les leaders chrétiens avec les déplacés internes du Soudan du Sud, la responsable des Nations Unies du pays, Sara Beysolow Nyanti, avait esquissé le quotidien effroyable des femmes.
Bien conscient du fléau des abus contre les femmes, Justin Welby a d’ailleurs évoqué le soutien de son épouse, Caroline, aux femmes sud-soudanaises qui vivent avec «le traumatisme de la violence sexuelle». Il a souhaité, à l’instar du pape François, qu’elles puissent être protégées.
Dans cette veillée œcuménique inédite qui a rassemblé 50’000 personnes, le pape François a pris la parole après ses frères chrétiens Justin Welby et Iain Greenshields, alors que la nuit tombait sur Djouba. Dans son discours, le pontife a exhorté tous les responsables chrétiens à prier «assidûment et unanimement» pour que le Soudan du Sud «rejoigne la terre promise». «Prier donne la force d’avancer, de surmonter les peurs, d’entrevoir, même dans les ténèbres, le Salut que Dieu prépare», a-t-il assuré.
Poursuivant la référence à l’histoire de Moïse évoquée dans la matinée devant les religieux catholiques du pays, il a rappelé l’épisode de la traversée de la mer Rouge par les Hébreux, dressant un parallèle avec l’histoire récente du Soudan du Sud. «Cela ne rappelle-t-il pas les premiers pas de ce pays, assailli tant par les eaux de la mort, comme celles des inondations désastreuses qui l’ont frappé, que par une violence belliqueuse effroyable?», a demandé François.
Alors que le président Salva Kiir assistait à la cérémonie, le pontife a appelé à ce que le plus jeune État du monde «dispose sereinement et équitablement de la terre fertile et riche qu’il possède, et qu’il soit comblé de cette paix promise mais, malheureusement, pas encore advenue». «Celui qui se dit chrétien doit choisir son camp», a averti l’évêque de Rome. Celui qui suit le Christ choisit la paix, toujours; celui qui déclenche la guerre et la violence trahit le Seigneur et renie son Évangile», a-t-il encore martelé.
L’évêque de Rome a encore rappelé que les deux commandements essentiels de Jésus sont «Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés» (Jn 15, 12) et «Que tous soient un» (Jn 17, 21). De tels commandements exigent «qu’il n’y ait plus de place pour une culture fondée sur l’esprit de vengeance chez ceux qui se professent croyants».
L’Évangile ne doit pas être «seulement un beau discours religieux, mais une prophétie qui devienne réalité dans l’histoire», a insisté François. Dans cette optique, il a salué les efforts œcuméniques menés au service de ce pays, en rappelant que «la semence de l’Évangile doit contribuer à répandre une plus grande unité». Il a espéré que «le tribalisme et le sectarisme qui alimentent les violences dans le pays n’affectent pas les relations interconfessionnelles». Et qu’au contraire «le témoignage d’unité des croyants se reverse sur le peuple».
Invitant finalement ses interlocuteurs à cultiver la mémoire et l’engagement, le pape a expliqué que la marche vers l’unité se vivait «quand l’amour est concret, quand on secourt ensemble ceux qui sont en marge, ceux qui sont blessés et rejetés, en œuvrant ensemble comme témoins et médiateurs de la paix de Jésus». (cath.ch/imedia/cv/rz)
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