Dans un mot introductif, le cardinal Fridolin Ambongo Besungu, archevêque de Kinshasa, a souligné les « défis » de l’Église en RDC, notamment les « conditions souvent difficiles et périlleuses » qu’elle doit affronter. Il s’est aussi réjoui de la « floraison de vocations sacerdotales et religieuses » dans son pays avant de laisser la paroles à un prêtre, une religieuse et un séminariste.
L’abbé Léonard Santedi, représentant les plus de 6’000 prêtres de son pays, a raconté au pape les difficultés de sa mission dans un « monde hostile aux valeurs de l’Évangile », déplorant la corruption, les condamnations arbitraires, l’exploitation des petits, ou encore le tribalisme qui touche son pays. Dénonçant les conditions de vie « infrahumaines » dans lesquelles vit une partie de son peuple, il a plaidé pour la construction d’un « Congo nouveau, ce Congo de réconciliation, de justice et de paix ».
Une religieuse, soeur Alice Sala, s’est ensuite exprimée au nom des plus de 300 instituts de vie consacrée et sociétés de vie apostolique du pays, soit plus de 10’500 membres. Elle a pour sa part dénoncé ceux « qui viennent chez nous pour piller nos richesses », demandant au pontife d’être, contre ces derniers, le « porte-parole » de la voix de son peuple.
Un séminariste, Don Divin Mukama, a souligné la concurrence grandissante des Églises pentecotistes dans son pays, source d’une « crise d’identité chrétienne catholique ». Il a déploré la « pollution mentale » de la jeunesse – et aussi des séminaristes – par les réseaux sociaux. Le pays compte actuellement 4’123 séminaristes, soit à peu près autant que de prêtres diocésains (4.216).
Dans son discours, le pape François a remercié tous les religieux et religieuses du Congo au nom de l’Église, soulignant combien elle avait besoin d’eux. Il a reconnu combien leur mission est difficile à vivre sur cette terre « blessée par l’exploitation, la corruption, la violence et l’injustice ».
Le pontife les a encouragés à tenir bon et à être « une lumière toujours allumée au milieu de tant d’obscurité ». Pour cela, il leur a demandé d’être des serviteurs du peuple, amenés à se rendre au milieu des souffrances des gens pour les « oindre […] avec l’huile de la consolation et de l’éspérance ».
Le pape François les a ensuite mis en garde contre trois tentations. D’abord, il les a enjoints à « surmonter la médiocrité spirituelle », insistant sur le fait que le « secret de tout » pour un religieux était la prière. Il les a encouragés à suivre les « rythmes liturgiques de la prière qui cadencent la journée », et a insisté sur la place de la messe quotidienne. Il a aussi salué les vertus de la Liturgie des Heures, du Rosaire, de la confession régulière ou encore de l’adoration pour vivre une rencontre intime avec Dieu.
Le pape a ensuite mis en garde les religieux contre la tentation de « profiter du rôle que nous avons pour satisfaire nos besoins et notre confort », particulièrement fort « dans un contexte de pauvreté et de souffrances » comme celui que rencontre la RDC. Il a dénoncé le scandale ceux qui vivent leur vocation en « froids bureaucrates de l’esprit », se contentant de gérer les finances ou quelque affaire avantageuse pour eux.
Les religieux, a-t-il insisté, doivent être des « modèles de sobriété et de liberté intérieure ». Il a aussi vanté la beauté du célibat comme « signe de disponibilité complète au Christ », une remarque importante dans ce pays : le 4 mars dernier, la Conférence des évêques du Congo (CENCO) avait déploré que certains prêtres congolais ne respectent pas la chasteté et appelé à un comportement responsable dans le cas d’une paternité.
Le pape a enfin dénoncé le risque de la superficialité : « la formation n’est pas une option », a-t-il insisté, mais un « chemin à poursuivre toujours ». Il a cependant souligné qu’il ne s’agissait pas pour autant de devenir des fonctionnaires du sacré distants du peuple, mais que cette formation comprenait une ouverture aux questions toujours plus complexes de notre époque.
Le pape François s’est un temps recueilli sur la tombe du prédécesseur du cardinal Fridolin Ambongo, le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, enterré dans la cathédrale. Décédé en 2021, il avait fait partie de ceux choisis par le pontife en 2013 pour l’entourer au sein du Conseil des cardinaux censé l’aider à réformer la Curie romaine. (cath.ch/imedia/hl/cd/mp)
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