La population du Soudan du Sud est composée aux deux tiers de chrétiens, majoritairement catholiques ou anglicans. C’est dire l’importance que revêt le voyage «œcuménique» dans le pays, du 3 au 5 février 2023, du pape François, de l’archevêque de Canterbury Justin Welby Welby et du pasteur Iain Greenshields, modérateur de l’Assemblée générale de l’Église d’Écosse.
Des premières annonces de l’Évangile au Soudan du Sud sont constatées au 6e siècle déjà. Mais «les véritables initiatives d’évangélisation dans ce qui compose alors le Soudan [Soudan et Soudan du Sud actuels] ont commencé au 19e siècle, pendant la période de l’Empire britannique, avec les missionnaires comboniens arrivés de Vérone et les missionnaires de la Mill Hill Society», rappelle le Père Christopher Hartley, un missionnaire anglo-espagnol envoyé à Nandi, dans le diocèse de Tombura-Yambio.
C’est par leur biais des comboniens que le catholicisme arrive pour la première fois à Mupoi, près de Tombura, en 1912. Cette congrégation missionnaire fondée en 1857 par l’Italien Daniel Comboni a pour objectif de porter l’Évangile en Afrique centrale. Ses missionnaires construisent des écoles et des hôpitaux au Soudan du Sud, pour servir la population locale et l’évangéliser plus facilement. Les habitants du sud du Soudan sont alors majoritairement animistes.
L’éducation est d’ailleurs toujours au centre des préoccupations et des initiatives de l’Église catholique locale. La plupart des mineurs du pays sont éduqués dans des établissements scolaires catholiques. «À Tombura, par exemple, il y a plus d’écoles catholiques que d’écoles publiques», précise le Père Hartley.
S’il y a encore des endroits où les missionnaires annoncent pour la première fois l’Évangile, les vocations sacerdotales et religieuses ne manquent pas dans le pays. La capitale Djouba accueille le Grand Séminaire Saint-Paul et la plupart des diocèses ont plusieurs petits séminaires. Mais «la formation y est très précaire», souligne le prêtre anglo-espagnol. En conséquence, la plupart des étudiants en théologie du pays se forment à Djouba mais aussi à Nairobi ou Kinshasa.
«Bien qu’il existe encore une composante de syncrétisme avec des éléments des religions traditionnelles, la foi d’une grande partie de la population chrétienne est admirable et émouvante», relève le Père Hartley. Daniel Comboni et l’ancienne esclave Joséphine Bakhita, née vers 1845 dans les Monts Nuba et devenue religieuse canossienne en Italie, sont les deux grands saints vénérés par les Soudanais du Sud.
D’autres Églises et communautés ecclésiales non catholiques sont arrivées au Soudan à partir de 1899. Les anglicans, par l’intermédiaire de la Church Missionary Society, ont administré le baptême à des dizaines de milliers d’habitants après quelques années seulement d’implantation.
L’Église presbytérienne unie, qui fait partie de la Communion mondiale des Églises réformées, a commencé pour sa part son travail au Soudan en 1900. Puis, au cours du 20e siècle, des missionnaires de nombreuses autres communautés ecclésiastiques réformées et évangéliques, telles que l’Église soudanaise du Christ, ont atteint le pays, concentrant leurs activités dans le sud. (cath.ch/fides/lb)
Lucienne Bittar
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