Le cardinal Parolin a participé les 26 et 27 janvier 2023 aux 26e Journées Saint-François-de-Sales organisées à Lourdes, en présence de 230 personnes venues de 25 pays, pour réfléchir sur les enjeux du journalisme catholique. En marge de la remise du Prix Jacques Hamel, le cardinal italien a évoqué le prochain voyage du pape en Afrique. «Le pape se rend surtout dans des pays qui sont déchirés par des conflits.» Ce voyage traduit une nouvelle fois le souci du pontife pour les périphéries. «Même si la République démocratique du Congo est grande, c’est un pays oublié par la communauté internationale», a-t-il déploré.
«Le pape veut encourager la réconciliation dans ces deux pays, et notamment encourager les Églises, qui ont fait beaucoup en s’engageant pour la paix et la démocratie, et qui ont beaucoup d’autorité». Le secrétaire d’État du Saint-Siège y voit un encouragement pour les Églises locales pour qu’elles persévèrent.
Le cardinal Parolin décrit aussi ce voyage comme « un appel aux autorités politiques, qui ont de grandes responsabilités». Il regrette «les difficultés du processus de paix au Soudan du Sud, qui prend du retard malgré les accords qui ont été signés», tout en remarquant que «le pape a déjà posé un geste prophétique, en embrassant les pieds des leaders politiques».
Ce voyage sera aussi «un appel à la communauté internationale», car «ces pays ont besoin d’amis désintéressés, alors qu’il y a des convoitises sur les ressources de l’Afrique», a déclaré le cardinal. Il a espérer que ces dernières soit utilisées «pour le développement de la population, et non pas pour les intérêts d’autres pays».
Il a aussi rappelé l’importance de l’enjeu œcuménique de l’étape sud-soudanaise, soulignant que l’archevêque de Canterbury et le modérateur de l’Eglise d’Écosse viendront avec le pape pour essayer de donner un élan au processus de paix.
Après avoir présenté les grands axes de la diplomatie pontificale, le cardinal Parolin a répondu à plusieurs questions sur l’actualité internationale. Il a été vivement interpellé sur les financements offerts par l’Azerbaïdjan à des restaurations archéologiques chrétiennes à Rome, et le silence présumé qui en découle au niveau concernant le conflit de ce pays avec l’Arménie.
Le cardinal Parolin a répondu qu’il n’est «pas toujours possible de faire des déclarations, ce n’est pas la méthode du Saint-Siège». «Nous payons ce prix mais nous pensons que c’est la seule manière pour faire une œuvre efficace», a-t-il souligné en mettant en avant la nécessité de la discrétion pour une diplomatie équilibrée.
«Le monde se scandalise car aujourd’hui la manière de réagir est de dire les choses ouvertement mais il y a d’autres méthodes», a-t-il souligné, en évoquant notamment le soutien discret du Vatican à une mission d’enquête sur le patrimoine religieux du Haut-Karabagh. Il a expliqué que les accords avec l’Azerbaïdjan sur les restaurations de catacombes à Rome remontaient à une période antérieure à la guerre et ne relevaient pas de sa compétence mais de celle, alors, du conseil pontifical de la Culture.
«J’espère pouvoir me rendre prochainement dans les deux pays pour encourager la paix et la réconciliation», a par ailleurs annoncé le cardinal Parolin, qui avait accompagné le pape François lors de ses deux voyages dans le Caucase en 2016.
Concernant la Chine, le cardinal Parolin a assuré que le Saint-Siège négocie pour assurer la liberté de l’Église, et garde ouverts des canaux de discussion, tout en assumant les désaccords. «C’est inutile de dialoguer avec ceux avec lesquels nous sommes d’accord», a-t-il rétorqué à ceux qui lui reprochent de négocier avec un régime infréquentable.
Enfin, sur la question de la synodalité, le cardinal Parolin a expliqué qu’il s’agit d’une «méthode pour affronter les tensions qui surgissent dans l’Église, pour se parler et s’écouter ». «C’est providentiel d’avoir cet instrument pour affronter et apaiser les difficultés que nous éprouvons aujourd’hui», a-t-il souligné.
Le cardinal Parolin a participé à la remise du Prix Jacques-Hamel à Christophe Chaland, journaliste de l’hebdomadaire Le Pèlerin, reprenant le témoignage de la captivité du prêtre missionnaire italien Pierluigi Maccalli, retenu otage au Sahel durant 752 jours entre 2018 et 2020.
Accompagné notamment par Roseline Hamel, la sœur du père Jacques Hamel qui fut assassiné le 26 juillet 2016 dans son église de Normandie, le cardinal Parolin, qui avait déjà remis ce prix en 2018, a salué cette initiative précieuse «surtout dans notre monde, actuellement déchiré par des oppositions et des violences de toutes sortes». Il a confié avoir connu le Père Maccalli après sa libération, en saluant «sa profondeur spirituelle et son humanité, grâce auxquelles il a pu se faire proche des populations du Niger».
Il a dressé un parallèle avec le Père Jacques Hamel, qui lui aussi «avait l’esprit missionnaire et entretenait de bonnes relations avec le monde musulman». «Ces deux prêtres apparaissent vraiment comme des frères, tous deux victimes, bien que de manière différente, de la violence et de l’intolérance», a-t-il estimé.
«Leur confiance, leur fraternité et leur douceur les avaient exposés pour annoncer l’Évangile», a poursuivi le cardinal. Il a insisté sur le fait que les chrétiens ne répondent pas à la violence par la violence mais, «à la suite du Christ, par le pardon».
Le Père Maccalli, a affirmé le cardinal Parolin, a fait des souffrances qui lui étaient infligées une «offrande au Seigneur, pour le pardon et le salut des agresseurs», mais aussi «pour l’avènement d’un monde plus fraternel et plus respectueux de la dignité humaine». Il a prié pour les chrétiens persécutés, en particulier les missionnaires et les journalistes, et pour que «le sang des martyrs soit vraiment semence de chrétiens».
Pour sa part, le journaliste Christophe Chaland a confié avoir trouvé en Pierluigi Maccalli «un homme totalement cohérent avec sa mission de prêtre et de chrétien», forgé par sa «vie intérieure». Il a invité à ne pas oublier le père Paolo dall’Oglio, jésuite italien enlevé en Syrie en 2013 et dont le sort est toujours inconnu, ainsi que le journaliste français Olivier Dubois. (cath.ch/imedia/cv/mp)
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