«En italien, on dit ‘Africa va sfruttata’, c’est-à-dire que l’Afrique doit être exploitée», a déploré le pape dans son long échange avec la vaticaniste Nicole Winfield. «C’est comme une mentalité colonialiste qui demeure. Les Africains sont une tribu, ils sont noirs, ils sont ça…», a-t-il listé avant de dénoncer cette façon d’attribuer des étiquettes qui rabaissent l’autre.
Expliquant que l’Afrique est un continent en ébullition, qui «souffre également de l’invasion des exploiteurs», le pape considère que les pays africains ont certes obtenu l’indépendance du sol, «mais le sous-sol a été laissé aux mains des colonisateurs qui sont arrivés plus tard». Il insiste sur le fait qu’il faut écouter la «culture fascinante» de l’Afrique, «dialoguer, apprendre et parler».
Ses propos rejoignent ceux confiés à la revue Mundo Negro le 13 janvier dernier. «L’idée que l’Afrique existe pour être exploitée est la chose la plus injuste qui soit, mais elle est dans l’inconscient collectif de nombreuses personnes, et il faut la changer», avait-il averti.
Citant une rencontre récente en visioconférence avec des étudiants africains, le pape a remarqué que «l’une des richesses de l’Afrique est son intelligence. Les jeunes sont extrêmement intelligents. Ils ont un avenir». Il a cependant reconnu que cet avenir était menacé par «le problème des guerres intestines entre les différentes cultures, pour ne pas dire les différentes tribus».
Il a encore dénoncé le fléau du tribalisme, «très fort» en Afrique. Expliquant par exemple que lorsqu’un évêque est nommé dans un diocèse, il faut s’assurer «qu’il appartienne au groupe». En août dernier, le pape François avait créé la surprise en créant cardinal Mgr Peter Okpaleke, un prélat nigérian rejeté par ses diocésains car ne faisant pas partie de la même ethnie. L’évêque nigérian avait dû démissionner de sa charge en 2018 avant d’être nommé évêque d’un diocèse créé pour lui deux ans plus tard.
Avec AP, le pape est revenu sur un épisode survenu lors de son voyage au Kenya en 2015. «Lorsque j’étais au Kenya et dans le stade, j’ai parlé du tribalisme et tous se sont levés, ils ont dit ‘non au tribalisme’», s’est-il souvenu. Interrogé sur cette question lors du vol qui le ramenait de son voyage en 2019 au Mozambique, à Madagascar et à Maurice, le pape François avait été encore très clair sur ce «problème culturel» que le continent doit résoudre. «Nous avons commémoré le 25e anniversaire de la tragédie du Rwanda il y a peu de temps: c’est un effet du tribalisme», avait-il insisté. (cath.ch/imedia/hl/rz)
I.MEDIA
Portail catholique suisse
https://www.cath.ch/newsf/lafrique-souffre-de-linvasion-des-exploiteurs-critique-le-pape/