Cette ‘révélation’ glânée dans le livre de souvenirs du secrétaire personnel de Benoît XVI, Mgr Georg Gänswein, a été confirmée, le 18 janvier 2023, par le cardinal Schönborn. Le prélat a indiqué à l’agence catholique autrichienne Kathpress avoir bien écrit au cardinal Ratzinger avant le conclave «une petite lettre pour le cas où». «Oui, c’est ce qui s’est passé. Mais j’ai sciemment gardé le silence à ce sujet jusqu’à présent, bien que cela se soit passé dans le cadre de l’assemblée des cardinaux, et non lors du conclave lui-même», a déclaré l’archevêque de Vienne.
Le cardinal, qui était un proche de Joseph Ratzinger et qui le tutoyait, s’est cependant distancié du livre de Gänswein et l’a qualifié d'»indiscrétion inconvenante». «Je ne trouve pas correct que des choses aussi confidentielles soient publiées, surtout par le secrétaire personnel».
Le secrétaire personnel de Benoît XVI se réfère dans son livre, dans un chapitre consacré à la «lettre de Schönborn», à un discours prononcé le 25 avril 2005 par le nouveau pape élu quelques jours plus tôt. Devant un groupe de pèlerins allemands, Benoît XVI s’était exprimé de manière étonnamment ouverte sur son état d’esprit lors du conclave et avait déclaré: «Lorsque que la tournure que prenait le vote m’a progressivement fait comprendre que, pour ainsi dire, le couperet allait tomber sur ma tête, j’ai commencé à avoir le vertige. J’étais convaincu d’avoir accompli le travail de toute une vie, et que je pouvais espérer finir mes jours dans la tranquillité. Avec une profonde conviction, j’ai dit au Seigneur: Ne me fais pas cela! Tu disposes de personnes plus jeunes et plus adaptées, qui peuvent affronter ce grand devoir avec bien plus d’élan et de force. Puis, j’ai été très ému par une brève lettre, écrite par l’un de mes confrères du Collège cardinalice» Dans son livre, Mgr Gänswein révèle aujourd’hui que le confrère en question était le cardinal Schönborn.
Et quel était le contenu de la fameuse lettre? Benoît XVI avait également donné des précisions: «Il me rappelait qu’à l’occasion de la Messe pour Jean-Paul II, j’avais centré mon homélie, en partant de l’Evangile, sur les paroles que le Seigneur adressa à Pierre au bord du Lac de Tibériade: Suis-moi! J’avais expliqué que Karol Wojtyla reçut toujours à nouveau cet appel du Seigneur, et qu’il dut toujours à nouveau renoncer à beaucoup de choses et simplement dire: oui, je te suis, même si tu me conduis là où je n’aurais pas voulu aller. Mon confrère m’a écrit: Si le Seigneur devait te dire à présent: «Suis-moi», alors rappelle-toi de ce que tu as prêché. Ne te refuse pas! Sois obéissant, comme tu as décrit le grand Pape, qui est retourné à la maison du Père. Cela m’a profondément touché. Les voies du Seigneur ne sont pas toujours faciles, mais nous n’avons pas été créés pour la facilité, mais pour les choses grandes, pour le bien.»
Mgr Gänswein relève également dans son livre le fait que Christoph Schönborn et Joseph Ratzinger formaient un véritable duo. Mis à part les amis de jeunesse de Benoît XVI, le cardinal Schönborn, qui faisait partie du cercle des élèves de Ratzinger, était l’un des rares à tutoyer son ancien maître, écrit MgGänswein. Le secrétaire de Gänswein rapporte en outre une conversation brève mais très personnelle entre le pape Benoît XVI, tout juste élu, et le cardinal Schönborn. «Cela s’est également déroulé ainsi», a confirmé l’archevêque de Vienne. (cath.ch/kap/mp)
Maurice Page
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